ELSA
(tiré
des Actes de Lecture n°66, juin 99, p.55)
Une nouvelle bibliothèque de textes va être ajoutée au logiciel ELSA. Ce que certaines rumeurs laissaient entendre, l'arrivée d'une version adulte de cet outil pédagogique, se concrétise enfin, selon les quelques modalités que nous allons développer ici.
Tout d'abord, il ne s'agit pas à proprement parler d'une version adulte. Plutôt que de voir coexister, parfois sur la même machine, deux logiciels avec des bibliothèques différentes, nous avons décidé de ne faire qu'une seule version d'ELSA incluant les deux bibliothèques. Elle permettra à quiconque de s'entraîner quel que soit son âge. Une école ou un collège, équipé d’ELSA pourra donc offrir un entraînement à ses élèves mais aussi aux adultes fréquentant l'établissement, parents, personnels administratifs, professeurs…
ELSA s’adapte donc dorénavant à l’âge de qui s’entraîne. On sait qu'il accorde déjà une grande attention aux capacités de l’utilisateur en proposant un entraînement très personnalisé. Cependant, ELSA ne saurait être recommandé pour des formations d'adultes analphabètes ou en grande difficulté. Comme précédemment avec la bibliothèque jeunesse, ELSA demande un minimum d'habileté pour apporter aides et progrès. Les adultes réellement en difficulté devront travailler avec ELMO International (version actuelle ou nouvelle version) (1). Attention donc à la confusion des genres... ELSA (logiciel d’Entraînement à la Lecture Savante) propose d’améliorer un savoir-lire déjà acquis. Rappelons à cet effet les propos de J.C. Passeron : " Il est temps de ne plus se contenter de mesurer les progrès de l’acquisition du code écrit au simple taux de régression de l’analphabétisme : la longue marche à l’alphabétisation, qui est bien sûr le grand apport des 150 dernières années, fait éclater aujourd’hui dans son évidence que savoir déchiffrer est une maîtrise du code écrit qui ne permet absolument pas la lecture fréquente, intensive et réitérée de livres longs. Bref, on mesure, à travers les vitesses de lecture, les divers seuils de cet accès à une lecture flexible qui est une condition sine qua non d’une utilisation réelle de l’écrit. C’est une illusion d’optique énorme que de penser que, désormais, tous les gens savent lire et qu’ils n’ont plus qu’à lire ; ou alors, c’est qu’ils y mettent de la mauvaise volonté, que nous nous y prenons mal, que nos livres sont mal illustrés ou qu’on n’a pas fait autour la propagande nécessaire. Car ce qu’on entend par lecture dans ce deuxième sens, qui va de la lecture cultivée au sens littéraire à la lecture savante, elle aussi assortie de nombreuses exigences de lectures multiples, ne peut pas être techniquement abordée à ce niveau rudimentaire de maîtrise du code écrit. " (2)
C'est pour que tous (enfants ET adultes) accèdent à une meilleure maîtrise technique du code écrit que ELSA a été conçu et nous avons tous besoin de nous exercer, même les meilleurs lecteurs..
La nouvelle bibliothèque
Le travail le plus important a consisté, une fois encore, pour le groupe chargé de cette tâche, à réunir des textes " pour adultes " les plus pertinents, dont le nombre dans chacune des séries B, D, E, F et T a été ramené de 61 à 41. (3). Au total, 213 textes très divers, d’une longueur moyenne de 500 mots (de 170 mots pour le plus court à 1 770 pour le plus long), globalement " exigeants ", de 197 auteurs différents, célèbres et moins connus. On ne compte que 15 auteurs ayant 2 textes (4) et qu’un seul en ayant 3. (5)
Trois grandes catégories de textes :
Il est possible d'imprimer les références des extraits sur lesquels on s'est entraîné, ce que n’ont pas manqué de faire les personnes chargées de leur " étalonnage ".
La nouvelle série T
Si la bibliothèque est entièrement nouvelle, la plupart des séries d’exercices, à quelques détails mineurs près, n’ont pas été modifiées. Une seule, la série T, a nécessité une refonte complète. C’est elle qui permet d'évaluer la vitesse et la compréhension (l’efficacité de la lecture) et c’est celle, rappelons-le, qui se rapproche le plus d'une situation véritable de lecture. A ce titre, la manière de formuler les questions devait s’adapter à un public adulte.
La série s'ouvre donc par la présentation d’une fenêtre de références (titre, auteur et éditeur) à laquelle est ajoutée la première phrase du texte à lire. On imagine ainsi, grâce à la lecture de cette fenêtre, établir un horizon d'attente. Aussitôt après (et donc, avant même la lecture du texte) il est demandé de choisir 3 mots-clés (dans une liste de 15) susceptibles de caractériser au mieux cet horizon construit.
Puis vient la lecture du texte (*) proprement dite, suivie de la présentation de la même liste des 15 mots-clés. Cette fois, on est invité à en choisir sept. Ce qui est intéressant ici, c'est que la modification de l'horizon d'attente induite par la lecture, est peut-être la meilleure façon de mesurer une compréhension d'un texte (6). Ces mots-clés caractérisent en effet l'ensemble du texte (le style, les personnages, les verbes... selon les particularités de ce texte) et non pas seulement son contenu.
Notations :
Un mot-clé trouvé avant ou après la lecture du texte compte pour un point. Mais il existe un ajout de points suivant la différence de bonnes réponses avant et après la lecture du texte.
Pour une différence entre +4 et +7 on ajoute 4 points ; pour +3 on ajout 3 point; pour +2 , 2 points et pour +1, 1 point.
Ceci pour essayer de mesurer l'évolution de l'horizon d'attente.
Ces deux questions permettent donc d'avoir au maximum 14 points (min = 0). On leur affectera un coefficient multiplicateur de 1,5.
La deuxième question demande de choisir la bonne suite du texte parmi cinq suites différentes constituées comme suit :
Il est demandé ensuite (troisième question) de justifier le choix de la " vraie " suite en affectant à chacune des quatre autres la raison qui l’élimine du choix opéré.
Notation :
L'ensemble de ces deux questions sur les suites compte au départ sur 14 points.
Six points pour avoir trouvé la bonne suite et 3 x 2 points pour avoir bien caractériser les mauvaises.
On affectera au total un coefficient multiplicateur de 1,5.
Pour la quatrième question, 9 textes courts apparaissent à l’écran (fig.2). Le texte lu ayant été divisé de manière non apparente en 3 parties ces 9 textes présentent de manière aléatoire 3 résumés, 3 extraits et 3 réactions de lecteur pour chacune des 3 parties.
Il est donc fait appel à deux compétences de lecture (retrouver la nature et l’ordre respectifs de chacun des 9 textes).
Notation :
On comptera un point si l'étiquette montre une bonne catégorie (hors partie).
On comptera un point si l'étiquette montre une bonne partie (hors catégorie).
On comptera deux points par groupe complet (par exemple les 3 résumés) bien placé.
Au total cette question peut compter 24 points.
On n'affectera pas de coefficient multiplicateur.
Les questions 6 à 9 demandent qu’on opère un choix dans les présentations successives de quatre éléments susceptibles de définir le texte lu. Vont donc défiler 5 écrans (entre lesquels on peut circuler) comportant :
- un bandeau (7) susceptible d’accompagner le livre dont le texte est extrait
- des notes de lecture (telles que des lecteurs auraient pu les écrire en marge du texte)
- une quatrième de couverture (8) (résumé, information sur l’auteur, son œuvre, son écriture...)
Seul, un écran est composé de 4 éléments en rapport avec le texte. Il s’agit d’abord de le désigner (question 5) puis de signaler (questions 6 à 9) dans les autres ensemble quel est l’élément inapproprié.
On peut voir ci-dessous (fig. 3) un écran parmi les 5 se rapportant à un livre dont est extrait un texte
Notation :
L'ensemble de ces cinq questions compte au départ pour 20 points.
Huit points pour avoir trouvé le bon ensemble et 4 * 3 points pour chaque erreur trouvée.
On n'affectera pas de coefficient multiplicateur.
Notation FINALE:
Au total, cette série de question est notée de 0 à 86 points. On ramènera la note obtenue à un pourcentage pour en faciliter la lecture.
Rappelons qu'une vitesse de lecture est aussi calculée à partir des temps de réponses à chacune des questions. Cette vitesse compte pour 2/7ème de la vitesse de lecture calculée.
On le voit, cette série T garde l'esprit qui a présidé à l’élaboration de celle " pour la jeunesse ". Il s'agit toujours d'avoir accès aux intentions de l'auteur, à ses procédés d'écriture, de faire des articulations entre ce texte et d'autres textes déjà connus, de reconnaître un thème, une manière de le traiter et d’ y être sensible…
Mais c’est aussi vrai pour l'ensemble du logiciel ELSA. Le fait qu’avec le même outil et dans un même lieu, on ouvre l’éventail des âges, des compétences et des manières de lire de ceux et celles qui veulent améliorer leur lecture ne peut qu’être bénéfique à chacun en favorisant les échanges entre utilisateurs.
Denis FOUCAMBERT
(*) Deux changements à propos de la vitesse pour cette nouvelle version d’ELSA
- la vitesse sera de toute façon inférieure à 70 000 mots/heure.
(6) Foucambert J., Mobiliser ses connaissances, in Théo-Prat’ n°6 : La leçon de lecture au cycle 3 (à paraître à l’AFL) et du même auteur 80% - 20%, A.L. n°4, déc. 83, pp. 92-98.
(7) pour les articles de presse, il s’agit du titre
(8) pour les articles de presse, il s’agit d’un chapeau.