ELMO, la classe !
(tiré des Actes de lecture n°52, p.80)

 

J'étais instit quand ATEL est sorti. ATEL ? Deux cartons renfermant des fiches d’entraînement à la lecture et un guide d'utilisation modestement appelé "La manière d'être lecteur". Ce fut un véritable déclic, pour les jeunes soixante-huitards que nous étions et qui, huit ans après la "grande révolution", commençaient à s'user de ces assauts répétés contre la Tradition, de ces niques à l'Héritage de croulants : attitudes brouillonnes et ignares supposées préserver l'élan créateur... Mais lequel ? ATEL n'était ni dans la logique traditionnelle ni contre elle. C'était autre chose : une rupture, un signe d'invention.

Six ans plus tard, en 1982 je "montais" à Paris rejoindre l'équipe de l'AFL et je retrouvais le fils d'ATEL plus puissant, plus fougueux, plus moderne puisque branché sur EDF... et dont le sigle (E.L.M.O.) allait vite dépasser l'abréviation pour devenir un nom : ELMO, LE logiciel.

ELMO s'engagea tout de suite au-dessus des paniers de crabes de l'informatique, résista tranquillement aux partages et tentatives de sabordage, toujours en surface, cap tenu, distance gardée. Mercenaire au service de causes plus ou moins nobles, il navigue et se vend bien, assurant sa réputation et la nôtre. Toujours imité, jamais égalé c'est notre Ambassadeur, notre Chanel n°5, notre Veuve Cliquot et notre Concorde : un brin de racé, un rien de classe - la certitude que ceux qui l'ont créé ne devaient pas être complètement jetés.

ELMO c'est aussi un militant. Un des meilleurs.

Yvanne CHENOUF

Extrait d’un texte paru dans l’Etincelle, journal d’un séjour de Vacances-Lecture à Bessèges.