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La revue de l'AFL

Les Actes de Lecture   n°5  mars 1984

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DANS LES AUTRES REVUES


Henri Amouroux fait paraître dans le numéro 58 de Communication et Langage un article sur les forces et les faiblesses de la presse quotidienne.

Nous en extrayons les données suivantes :


Il est malheureusement vrai, tandis que la population française passait de 41 à 54 millions d'habitants entre 1940 et 1981, que le chiffre des quotidiens vendus tombait de 12 millions à moins de 9 000 000.

Ce chiffre de 9 000 000 de journaux quotidiennement vendus est même inférieur au chiffre de 1914.

Il est malheureusement vrai qu'en 1983 il ne se diffuse que 173 exemplaires quotidiens pour 1 000 habitants contre 370 en 1946, lorsque, sortant des angoisses de l'Occupation, ayant dû se contenter, d'une presse dont ils savaient qu'elle subissait les impératifs d'une impitoyable censure et que son utilité était réduite à l'indication de l'heure et du jour de distribution de maigres rations, les Français veulent tout connaître des grands événements qui ont bouleversé le monde, qui ont changé leur destin et grâce auxquels ils ont non seulement recouvré leur liberté mais encore redécouvert avec quelque volupté ce plaisir longtemps interdit : la politique à ciel ouvert.

... UNE DÉGRADATION RAPIDE DE LA PRESSE PARISIENNE

Elle ne diffuse plus en moyenne qu'à 2 430 000 exemplaires. En 1939, presse de Paris et presse de province étaient encore à égalité: 5 500 000 exemplaires pour l'un comme pour l'autre camp. Aujourd'hui, 2 430 000 chaque matin pour la presse de Paris, 6 500 000 pour la presse de province qui a réussi à faire mieux que maintenir ses positions grâce à l'atomisation de l'information.

C'est par ses éditions locales multipliées qui rendent compte de l'infiniment petit de la vie quotidienne, que les journaux régionaux maintiennent l'existence de nombreux villages de France qui, sans la rubrique locale, seraient condamnés au silence qui 'annonce la mort.

... À la suite d'une grève de Sud-Ouest, un institut de sondage (la S.O.F.R.E.S.) a mesuré la qualité d'attachement du public à ce journal qu'il ne trouvait plus dans les kiosques. Il me paraît symptomatique qu'à la question: "Quelles sont les rubriques de Sud-Ouest qui vous manquent le plus ?" 61% des personnes interrogées aient répondu : "Les reportages et faits divers locaux". Non que ces hommes et ces femmes, ainsi questionnés, se soient désintéressés de ce qui se passait dans le reste du monde, (d'ailleurs ils le savaient par la radio et la télévision), mais ils avaient le sentiment que leur faisait défaut ce qui, pour eux, était presque l'essentiel : l'information sur ce qui se passait à leur porte, dans leur village, dans leur commune. Qu'ils ignoreraient toujours ce qui était arrivé d'heureux ou de malheureux à leur voisin.

N'est-il pas symptomatique que, dans le même sondage, 47% des personnes interrogées aient répondu que l'état civil, c'est-à-dire la simple mention des naissances et des morts, leur avait fait cruellement défaut ?