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La revue de l'AFL

Les Actes de Lecture   n°10  mars 1985

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Nous ne voulons pas répandre nos opinions, mais fournir aux jeunes de l’information qui leur serve à faire, défaire, refaire leurs opinions.

« LA PASSERELLE »

Beaucoup de nos lecteurs connaissent “LA LIETTE”, ce journal réalisé par le foyer socio-éducatif du collège du Grand LUCE et présenté par Marie-Danièle BOUREAU dans notre n°6 (Juin 84, p.47).

Nous présentons ici un projet d’une autre ampleur la réalisation d’un “vrai” journal d’informations pour jeunes intitulé “LA PASSERELLE”. Ni revue, ni magazine, “La Passerelle” se veut semblable à un quotidien par son contenu, sa présentation, son prix. Différente pourtant par son rythme : deux fois par semaine pour un public à faible pouvoir d’achat et aux habitudes de lecture encore fragiles. Originale surtout, par sa conception qui associera au travail de journalistes professionnels, la participation organisée de ses jeunes lecteurs.


PROBLÈMES DÉONTOLOGIQUES D’UNE INFORMATION POLITIQUE POUR DES JEUNES

Large ouverture de l’information, mondialisme, pour être un moyen d’ouverture

Pluralisme des opinions,… pour ne pas endoctriner

Signature et origine des opinions exprimées, pour permettre de se situer par référence ou par opposition

Prise de position globale des intervenants, pour éviter une atomisation des points de vue qui

Cohérence des positions exprimées Démobilise et décourage l’engagement.

NI NEUTRAL1TÉ, NI MANIPULATION

Journal pour s’informer sur les affaires de la Cité et sur les opinions politiques, journal pour se forger

Une opinion sur les affaires de la Cité et y prendre sa place, ‘LA PASSERELLE” devra éviter le piège de l’opposition entre l’information et l’opinion, entre la neutralité et l’engagement.

Et cela d’autant plus qu’elle risque, au départ, d’avoir un monopole de fait dans le domaine de l’information générale à destination des jeunes.

Nous ne voulons pas répandre nos opinions, mais fournir aux jeunes de l’information qui leur serve à faire, défaire, refaire leurs opinions.

Nous ne voulons pas répandre nos modèles d’engagement, mais fournir aux jeunes des repères pour que ceux qui le veulent puissent prendre leurs responsabilités sur leur terrain et devenir des citoyens actifs.

Pour y parvenir, “LA PASSERELLE” va adopter systématiquement deux démarches qui pourraient paraître à première vue contradictoires : faire percevoir à la fois les différences et les cohérences.

DE L’INFORMATION SOUS TOUS LES ANGLES

Nous multiplierons les angles de vues sur les faits et les opinions. Par la confrontation des opinions dans des revues de presse, par la mise en perspective historique, par des visions géographiques décentrées, par des points de vue sur l’actualité issus d’autres groupes sociaux, d’autres peuples, par la mise à jour des rouages du traitement de l’information, “LA PASSERELLE” va permettre au jeune de quitter l’ombre de son clocher et de conquérir un peu liberté par rapport aux systèmes d’opinions qu’impose le milieu.

SANS S’Y PERDRE

Mais ce traitement de l’information recherchant systématiquement le décalage, la relativité, risque de produire sur le lecteur un effet d’atomisation, d’éparpillement des opinions dans le champ idéologique et politique.

Or, “LA PASSERELLE” doit permettre à ses lecteurs de s’y retrouver dans les catégories et les étiquettes des courants politiques. Maîtriser la terminologie est une condition sine qua non pour accéder en confiance à la grande presse et pour faire valoir sa compétence dans le débat permanent sur les affaires du Monde. “LA PASSERELLE” rendra donc palpable le caractère structuré des réseaux d’opinion, le caractère global des conflits idéologiques et politiques, que l’on s’en réjouisse ou non. Pour ce faire, elle confiera régulièrement à des journalistes d’opinion, appartenant à des familles politiques différentes, des rubriques, où leurs prises de position sur l’événement – signées - permettront au lecteur de reconnaître la cohérence d’ensemble des visions politiques.


FINALITÉS ÉDUCATIVES DU PROJET

Il doit permettre en particulier :

DE DÉVELOPPER LES COMPÉTENCES EN LECTURE

en offrant un nouvel outil d’acculturation

DE SENSIBILISER LES JEUNES AUX GRANDS PROBLÈMES DE L’HUMANITÉ

en cherchant à former des citoyens soucieux de trouver des solutions neuves aux problèmes sociaux et économiques de demain, et non de plaquer des discours politiques tout faits sur le réel.


DE DÉVELOPPER LA CONSCIENCE D’APPARTENIR À UNE COMMUNAUTE SOCIALE, DE FACILITER L’INSERTION SOCIALE DES JEUNES

dans une période où la crise économique rend cette insertion plus difficile

non pas nécessairement l’intégration, qui sous-entendrait la conformation à la société telle qu’elle est, mais l’insertion, sans laquelle il n’est même pas de contestation possible.

par une meilleure connaissance des lois, des droits, des statuts, des filières, des organismes qui les concernent.

par un “droit de réponse”, un droit à l’expression qu’ils pourront exercer dans les colonnes du journal.


D’ASSOCIER DES GROUPES DE JEUNES (établissements scolaires ou classes, maisons de jeunes, stages 16/18 ans, foyers de jeunes travailleurs, mouvements de jeunesse, groupes spontanés) A LA RÉDACTION DE LA PARTIE MAGAZINE DU JOURNAL, en développant ainsi chez eux :

compétences en écriture

sens des responsabilités et de l’organisation

connaissance fonctionnelle des technologies modernes de la communication


UNE UTILISATION EN VRAIE GRANDEUR DES TECHNOLOGIES MODERNES DE LA COMMUNICATION

Un des enjeux du monde moderne, c’est la maîtrise des technologies de communication. Le développement industriel et l’exercice du pouvoir passent par les moyens modernes d’information.

Aussi équipe-t-on les établissements scolaires d’outi1s nouveaux, ordinateurs, MODEM, machines à traitement de textes... Quelques clubs informatiques fonctionnent ici et là : pour le reste, la réflexion pédagogique sur les changements d’attitudes face au savoir induits par ces outils reste très sommaire. Enseigner l’informatique ? Enseigner au moyen de l’informatique ? Habituer les élèves au maniement de machines qui seront démodées très rapidement ? Alourdir les programmes ? Créer de nombreuses sections spécialisées ?

Les classes qui participeront à la rédaction et à la gestion du journal auront par là même accès aux technologies utilisées par l’entreprise, et dans une situation fonctionnelle qui leur permettra d’en percevoir l’utilité et la portée : composition directe des textes sur ordinateur, télématique, accès aux banques de données, archivages sur disquettes ou sur disque dur... Dans de nombreux établissements, la collaboration à notre journal pourrait servir à donner un sens à ces moyens modernes. Cet aspect apparemment marginal du projet peut se révéler un des plus riches sur le plan de la formation des jeunes.


ÉQUIPE DE LANCEMENT


Yves BEAUDOUIN, imprimeur, co-­fondateur d’une association pour la gestion d’une imprimerie et diffusion du papier recyclé.

Tél.: 43/82.03.58

Marie-Danielle PIERRELÉE-BOU­REAU, chargée de formation dans des organismes syndicaux. Professeur de collège. A l’initiative du journal “La Liette” au co11ège du Grand-Lucé.

Tél.: 43/40.98.34

Cécile DELANNOY, professeur agrégé de Lettres. Ex-rédactrice en chef du mensuel “Les Cahiers Pédagogiques” (1972-1981). Forma­tion en cours à l’Institut Administration des Entreprises.

Tél.:40/74.78.58

François GORGET, ancien élève de l’ENS de Saint-Cloud. Professeur d’Histoire et Géographie. Boursier-Lauréat de la Fondation “Journa­liste demain”. Actuellement mem­bre de l’équipe d’animation du Centre de Liaison de l’Education et des Moyens d’Information (CLEMI).

Tél.: 1/566.73.74

François MELLOT, professeur collège. Militant de l’Association Française pour la Lecture.

Tél.: 43/95.99.37

ADRESSE : “LA PASSERELLE”

6 rue des Volontaires – PARIS 75015