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La revue de l'AFL

Les actes de lecture   n°27  septembre 1989

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CONSTRUCTION D’UNE QUALIFICATION COLLECTIVE À L’ASSOFAC


Parmi les priorités d'action de l'ASSOFAC, nous avions retenu pour 1988, le renforcement de la lutte contre l'illettrisme et l'évolution des pratiques d'alphabétisation. Nous nous sommes donc engagés dans un travail à trois niveaux :

- poursuivre notre implication dans des lieux de réflexion et d'action concertée entre organismes - Groupe départemental de lutte contre l'illettrisme (GDLI) des Hauts-de-Seine, groupement de partenaires sur Montreuil, groupes de réflexion au CLAP... ;

- négocier des actions expérimentales et notamment un stage lecture pour des adultes français illettrés (financement DRFP-DRASS et pilotage par le GDLI) ;

- construire une politique de qualification avec l'AFL sur des financements FAS et DRFP.

Nous ne développerons ici que la partie construction d'une qualification collective. Pour impulser une réflexion dans les centres et une dynamique collective dans l'association, nous avions besoin non seulement de nouvelles compétences, mais aussi de déférents communs. Trois centres de I'ASSOFAC se sont donc engagés dans des formations de formateurs à l'AFL ; l'équipe de Montreuil a suivi la formation de base (10 jours), « De l'alphabétisation à la lecturisation » ; l'équipe du centre de Paris, qui vient de s'équiper en ordinateurs, s'est formée à ELMO 0 (4 jours). Au centre de la Garenne, nous avons opté pour la « Formation d'équipe en accompagnement de projet » (12 jours pour 3 personnes) qui nous semblait présenter les possibilités suivantes :

- se former en équipe pour remédier à l'isolement découragement que l'on ressent en revenant d'une formation ;

- construire et évaluer une action expérimentale sur plusieurs mois avec l'appui de l'AFL et du groupe en formation grâce aux deux journées mensuelles de regroupement ;

- former des formateurs relais, qui pourraient réinvestir les acquis de la démarche dans d'autres actions, notamment de réinsertion de jeunes ou d'adultes chômeurs longue durée ;

- engager une réflexion avec tous les centres de l'Association.

Que peut-on dire aujourd'hui, après ce premier plan d'action qui s'est tenu de juillet 1988 à avril 1989 ? Tout d'abord, les objectifs visés semblent être largement atteints. Les pratiques en témoignent et la « journée de réinvestissement » aussi : plus de 20 participants, direction, responsables, formateurs et partenaires réunis. Un mouvement collectif de mobilisation est lancé avec des échanges entre équipes bien décidées à poursuivre ou à s'engager. Cela a demandé, cependant, un lourd investissement : achat de matériel informatique et surtout, pour la formation d'équipe, un important remplacement de formateurs.

En outre, pour arriver à une qualification collective, il semble bien que la formation de formateurs soit le maillon d'une chaîne à construire avec une démarche à spirale en y assortissant d'autres moyens internes et notamment :

- des chaînes d'information et de réflexion : l'implication de responsables dans les formations AFL a favorisé une réflexion globale dans les centres ;

- des chaînes d'actions et de compétences : durant le stage pour jeunes illettrés mené par l'équipe impliquée dans la « Formation en accompagnement de projet » un gros travail a été réalisé sur le « Bureau de Lecture », la recherche et la présentation d'écrits tout en prenant la mesure de la difficulté à mettre en place de vrais projets.

Mais c'est en commençant, quatre mois plus tard, le stage lecture avec des adultes illettrés ayant d'autres demandes, d'autres projets, que l'équipe a mesuré ses acquis et pris un deuxième souple, tout en s'adjoignant la collaboration d'un intervenant de l'AFL. Le travail avec les stagiaires s'est davantage centré sur les représentations par rapport à la lecture et au statut, l'entrée dans des réseaux d'écrits en mettant en place des collaborations avec des bibliothécaires, et enfin la réalisation d'un journal de I'ASSOFAC.

Nous avons découvert, tout au long de ces mois, que chaque élément nouveau dans la pratique réinterroge à chaque fois l'ensemble de notre système de fonctionnement. Citons pour seul exemple (le dernier en date) le travail sur le journal qui pose question sur le rôle du formateur, le rapport de chacun à l'écriture et surtout la communication interne et externe du centre.

Peut-être entrevoyons-nous que cette expérience de qualification collective est une action de longue haleine, avec un équilibre subtil entre dynamique individuelle, dynamique d'équipe, de centre et d'association. Après cette première étape, les idées et envies ne manquent pas :

- Avec l'AFL : poursuivre les plans de formation. Un regret cependant, la formation « Analyse des pratiques » nous semblait une deuxième étape tout a fait intervenante après la formation d'équipe. Il semble qu'elle ne soit pas reconduite par le FAS cette année. Pourrons-nous imaginer d'autres collaborations ?

- Dans les centres :

. élargir nos pratiques de l'écrit au quotidien avec notamment l'implication de tous dans le journal ;

. explorer et renforcer nos pratiques de lecture en mettant un self-lecture à la disposition de tous.

- Dans les actions de réinsertion professionnelle, prévoir un double système d'accompagnement avec une équipe composée d'un formateur en formation à l'AFL et d'un formateur relai déjA formé.

- À plus long terme, monter une BCD pour faibles lecteurs.

Pépita JODAR (ASSOFAC)