La revue de l'AFL

Les actes de lecture   n°55  septembre 1996

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Pour une bonne "Lecture Juvénile"...
 
Pour une bonne "Lecture Juvénile",prenez : 

. 1 week-end chez Papa-Maman (Pâques ou Pentecôte)

. 1 bonne dose de courage

. 1 chiffon 

. 1 goût immodéré pour l'aventure

(Et un rédacteur en chef des Actes plus ou moins patient)

Tout d'abord, on part à la recherche des vieux cartons, avant que de s'attaquer de front aux blindés : la bibliothèque. 

Après un effort herculéen pour l'exhumation de derrière les tupperwares première génération entassés depuis l'ère micro-onde, on pense accéder au vestibule du sanctuaire. Et là, c'est pire qu'un chantier de fouilles du pré-magdalénien en Corrèze. 

Dans tous ces trésors de guerres entassés (vieilles dents, cahiers illisibles, nippes poussiéreuses, crânes de chats...) rien qu'une antique couverture tout ce qu'il y a de plus rupestre d'un album des Barbapapas légèrement remaniée par une main de maître.

Emotion quand tu nous tiens ! Il n'y a plus de mots assez forts : les Barbapapas sont là, envahissant tout de leur "houlahup, Barbatruc".

Bon d'accord, une après-midi entière le nez dans ce qui a échappé à la poubelle (on ne sait vraiment pas comment !) pour une vieille couverture des barbapapas recouverte de feutres, c'est pas terrible, mais les Carter, les Evans et les Schliemann, vous croyez qu'ils ont tout retrouvé du premier coup ? 

Je garde espoir : après le dîner, razzia sur la bibli.

Elle est là, dans le noir, trônant au faîte de l'escalier. Elle m'attend. 

Moi, légèrement ballonné et grisé, mais encore assez lucide je monte marche après marche pour la rejoindre. Question cruciale : je commence par le haut ou par le bas ? En fait, la voie est tout de suite trouvée : le rayon Tout l'Univers. On tire un premier volume. Un festival d'éternuements réveille toute la maison, je tente de battre le record pour être inscrit au guinness ? Bon, les volumes de la grande Histoire de France par Alain Decaux, ce sera pour la prochaine tentative. En attendant, je reste perplexe devant cette bibliothèque dont tous les livres me semblent inconnus : Le pilote a les yeux bleus (c'est à ma mère), de vieux dicos, des Quid, mais où sont mes livres de jeunesse ? Bien sûr il y a quelques Bibliothèques Roses et Vertes, des manuels scolaires et la grande collection des Molière toute graffitée par de trop longues heures d'études (!!) et même un Martine (c'est à qui ?). Ils ont donc tous disparus les Conan Doyle, les Maurice Leblanc, les albums de contes illustrés des Perrault et Grimm... Ah non, je viens de remettre la main sur les Frères Grimm, sale état. Mais mon préféré, il a vraiment disparu ? Non ? Si ! Non ? 

La recherche fut rude et j'ai perdu, enfin pas complètement malgré l'extrême perfidie de ce meuble arrogant. Les coups assenés furent gagnants à chaque fois : les livres ésotériques genre On a retrouvé l'Atlantide ont failli me faire mourir (de rire), les gros bouquins style 50 exploits sportifs m'ont à moitié assommé, les étagères pas très stables qui finissent par tomber en vous brisant le gros orteil, et je vous fais grâce des Jules Verne et Marcel Pagnol... Je ne l'ai pas retrouvé. Tant pis... je l'ai racheté ! C'est franchement plus pratique et moins dangereux. Je me demande vraiment si ma technique était la bonne. Peut-être eut-il mieux valu rester confortablement assis dans un gros fauteuil à songer et rêvasser et vous en auriez plus appris sur mes lectures juvéniles ? 

Moi, j'ai préféré la version sport, archéo, homme de terrain.

Je n'ai retrouvé qu'une pièce, mais une pièce-maîtresse, la clef de voûte de mes lectures juvéniles : L'enfant et la rivière.
 
 

Olivier BOURDON