La revue de l'AFL

Les actes de lecture   n°59  septembre 1997

___________________

Lectures Juvéniles 

   Etiez-vous lecteur quand vous étiez enfant ? Sans vouloir que soient retracés de classiques "itinéraires de lecture", notre revue sollicite les souvenirs de quelques personnes. À sa façon, cette suite de récits pourtant singuliers mais issus de générations différentes, témoigne de ce que des enfants ont pu lire depuis un demi-siècle.

  Que dire de mes lectures d'enfance ? Ayant une grande soeur qui aimait beaucoup la lecture, j'ai été incitée À lire de temps en temps. J'ai eu beaucoup de plaisir À lire la collection de Martine et de Heidi. Ayant vécu dans une famille monoparentale, je ne peux parler que de ma mère qui lisait tous les jours le journal et sa Bible accompagnée de livrets. D'ailleurs c'est par elle que j'ai été conduite À lire la Bible ou plus exactement et contrairement À ma mère, certains passages qui m'apportaient et m'apportent encore un certain bien-être. Jusqu'À maintenant, c'est ma lecture préférée. Je n'étais pas quelqu'un qui systématiquement lisait un livre, même conseillé par autrui. Au contraire, il fallait que ce livre m'interpelle, me serve, me guide, m'apporte un enrichissement, m'informe dans la situation bien précise dans laquelle je me trouvais.

J'étais intéressée par les livres d'histoires, peut-être parce que j'étais inconsciemment À la recherche de mon identité, À la recherche de mes racines, de mes origines... Grâce À ces livres j'ai connu le passé de mes ancêtres esclaves déportés par les colons blancs, en premier lieu espagnols, ensuite français. Cette information précise, acquise dans ces livres d'histoire, sur le tragique "parcours" subi par mes ancêtres pour arriver dans mon île, m'a déstabilisée et blessée.

Une autre raison de lire c'est que je prenais un grand plaisir À rechercher la signification des mots dans le dictionnaire et que je ne me contentais jamais des explications d'autrui.

Je n'ai pas beaucoup À ajouter sur mes lectures À cette époque car j'étais une enfant très renfermée, timide, réservée et j'avais, du fait de mon éducation très stricte, horriblement peur du monde extérieur que je ne voulais pas trop connaître et que je n'avais pas non plus l'occasion de connaître réellement. Je n'avais pas non plus l'occasion d'échanger sur des lectures avec des amies... je conversais surtout avec mes poupées.

Vivant dans la capitale de mon île, je ne fréquentais que très peu les membres de ma famille qui résidaient À la campagne ou en France.

Ce que je peux dire maintenant, c'est que l'écriture est un outil fondamental pour la transmission des idées,de messages et de la connaissance. Mais ce n'est pas pour autant que j'ouvrirai un livre tous les jours... Oh ! non. Il faut que je sois dans une situation bien particulière et que j'ai besoin d'informations. Pourtant, j'ai un tout autre comportement avec ma fille que je pousse À lire, À lire, car c'est dans les livres qu'elle pourra connaître un certain nombre de choses qui lui permettront d'avoir une culture assez riche pour avancer dans cette société peu tolérante.

Que dire de mon parcours de lectrice ? et de mon comportement ? Eh bien, ce dernier n'a pas changé, malgré tout ce qui m'entoure et il n'est pas prêt de changer, même si j'ai maintenant une stratégie de lecture qui me permet de rechercher plus vite les informations dont j'ai besoin sur le champ.

Lysiane LOUIS