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La revue de l'AFL

Les Actes de Lecture   n°5  mars 1984

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Intervention de J.-M. FAVRET

Directeur des Écoles au Ministère de l'Éducation Nationale

Cette rencontre que nous avons, aujourd'hui, pour la conclusion de ce concours destiné à montrer ce que peuvent être des BCD efficaces et à les répandre, se situe à un moment de maturation que, je crois, l'on peut qualifier de décisif. Il y a la prise de conscience par toute la société, (le rapport sur l'illettrisme, qui a fait l'objet d'une communication au conseil des ministres, il y a peu de jours, en est la preuve) que l'apprentissage et la pratique de la lecture ne peuvent pas, et ne doivent pas être dissociés et cela dès le début. Et c'est la même constatation que nous avons faite, dans la consultation-réflexion nationale sur l'école primaire...

Ce support de l'appétit de lire, de l'aisance de lire, nous pensons qu'il existe tout à fait dans la BCD qu'il faut pouvoir répandre dans toutes nos écoles. C'est un effort de longue haleine. On a parlé ce matin des problèmes d'information des collectivités locales, et particulièrement des municipalités. Je voudrais signaler qu'un des résultats de la consultation-réflexion nationale sur l'école est de travailler très vite, dans les mois qui viennent, avec des élus, les associations représentatives, le Ministère de l'Intérieur et de Décentralisation, pour actualiser tous les documents que nous pouvons avoir en commun pour l'information des élus locaux, et des municipalités sur l'école aujourd'hui. En demandant, à partir d'un dialogue, une mise au point de documents vraiment opératoires, pouvant servir à ce que les efforts de tous, d'investissements, de réflexion, d'information, soient facilités, accélérés et efficaces.

Il nous a semblé que pour marquer le moment de faire un pas en avant significatif, nous devions affirmer la volonté d'un programme de B.C.D. véritablement exemplaire et significatif, bâti à la fois par les écoles, les collectivités, les deux Directions les plus concernées du Ministère de la Culture, du Ministère de l'Éducation Nationale, mais aussi, car cela déborde et doit déborder l'école, la Mission de l'action culturelle au Ministère de l'Éducation Nationale, la Direction du développement culturel au Ministère de la Culture. Nous nous proposons ensemble, j'insiste sur cet ''ensemble", (et cet ensemble, ce n'est pas seulement les administrations, mais aussi les collectivités et les écoles qui seront à l'origine des projets) de réaliser dans l'année 1984, 100 BCD exemplaires, qui puissent être, à partir des réalisations locales, l'objet de diffusion d'explications, de commentaires, de points d'attache et de formation pour d'autres, ou simplement de visites d'information pour des élus, des directeurs d'écoles, des IDEN, dans la région ou le département ou elles seront implantées.

Alors, nous allons voir dans un instant, des illustrations de ce que peuvent être, mais il s'agit que ce soit des créations adaptées à leur milieu, des BCD exemplaires. Je ne développerai pas, mais je répèterai qu'il s'agit de partir de volontés et d'animations qui existent déjà. On ne va pas choisir des lieux de BCD par un système géographique ou statistique. Il faut la volonté des maîtres et des responsables, il faut la coopération avec les collectivités locales. Ce que nous voulons, c'est véritablement la BCD qui entraîne la facilité, le désir et le bonheur de lire chez l'enfant ; mais aussi pour le milieu environnant, pour les familles, reprenant ce que disait J. GATTEGNO sur la possibilité de plages horaires aussi étendues que possible, sous des formes qui peuvent être tout à fait diverses.

Pour cela, il est nécessaire que la mise en place soit accompagnée, d'un soutien en formation. Le fait même de préparer une BCD qui marche, qui mord sur son public, qui réussit dans les services qu'elle veut rendre, l'élaboration même du projet est une démarche de formation. Nous ferons en sorte qu'elle puisse être soutenue par les Ecoles Normales, par les formateurs, et par les mouvements qui ont la capacité et l'expérience de le faire.

Enfin, comme 100 c'est peu de chose, pour que ce soit exemplaire, pour que ça ait ce rôle d'entraînement, nous pensons privilégier les implantations dans deux domaines où la réussite de l'école et la réussite de la lecture au delà de l'école, est décisive pour les enfants et les adultes. D'une part les zones prioritaires, d'autre part les zones rurales défavorisées, où, nous le savons, les difficultés pour les enfants comme pour les adultes peuvent être grandes.

Voilà le programme que nous souhaitons réaliser dès cette année 1984, et prolonger, et multiplier au delà de 1984 tout au long du 9e plan. Je pense que les projections que nous allons voir sont à la fois la sanction et la consécration d'un effort de longue haleine, dont il est très important qu'il soit venu du terrain lui-même, des acteurs eux-mêmes, et des instituteurs ayant pris le problème de la lecture en main, sans attendre que des directives systématiques et cohérentes tombent. Je crois que cette initiative, cette réponse aux besoins du terrain, est essentielle dans une société décentralisée, dynamique et vivante. Et ces illustrations sont aussi un point de départ. Elles pourront servir comme éléments de formation et de révélation des besoins et des manières d'y répondre.

Et si les gens qui ne peuvent pas lire, apprenaient à lire ?

On considère toujours qu'il y a des gens qui ne pourraient pas lire parce qu'ils n'auraient pas la technique. Alors que c'est l'inverse. On a la technique de sa lecture.