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La revue de l'AFL

Les Actes de Lecture   n°17  mars 1987

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note de lecture

On sait le travail inlassable de François TERS et la manière dont il a mis la pédagogie de l'orthographe sur ses pieds après ou contre le règne des recueils de règles assorties d'innombrables exceptions et suivies d'exercices d'application. On se souvient de ce professeur de médecine arrêtant sa cohorte d'étudiants et devant un malade et déclarant : « Observez bien ce cas tout à fait remarquable car vous ne le rencontrerez sans doute plus jamais ! » TERS se propose, lui, d'aider les élèves à apprendre à écrire les mots que l'on rencontre toujours, ce qui garantit une efficacité certaine à la formation. D'où ses recherches, avec ses compères : Samuel ROLLER, Raymond BUYSE, Georges MAYER et Daniel REICHENBACH sur les fréquences d'emploi des mots dans la langue écrite.

L'ouvrage commence par un rapide historique depuis les tra­vaux de HENMON en 1924 qui mirent en évidence les fameux soixante-neuf mots-outils qui structurent la phrase française jusqu'aux vastes synthèses parues dans le Robert Métho­dique de la Langue Française en 1982. TERS achève cette présentation en évoquant les résistances et les incompréhen­sions que des approches efficaces de l'orthographe rencon­trent dans le milieu enseignant : « Au seuil de ma soixante-dix­huitième année ,», écrit-il en bon breton, «Je lance ma bouteille à la mer. Je sombrerai pavillon haut, et tout dernier de l'équi­page. Mais d'autres sont parés pour la relève. L'avenir de nos écoles, l'avenir du français en ont besoin ! »

Suit un chapitre consacré aux mots-outils dont il est néces­saire de s'inspirer dans une réflexion sur la lecture. « L'essen­tiel », conclut F. TERS, « aura été de faire reconnaître les jalons qui structurent l'exposé quel qu'il soit. Qu'il s'agisse de prose ou de poésie, le mot-outil, simple ou complexe, contribue à sertir les joyaux de la pensée, au gré de la personnalité comme du talent de chacun. Priorité aux mots-outils, artisans de la paix que procure toute la syntaxe de la langue rarement bousculée, même dans les argots et jargons. »

Viennent ensuite les listes des mots fondamentaux avec l'indi­cation de leur fréquence et une information sur leurs poids en tant que mots-sources. Là encore, des mises en réseau pour la lecture devraient trouver matière à s'enrichir. Ces classements visent «le contrôle, l'acquisition et l'usage de deux mille huit cents mots qui constituent l'essentiel du vocabulaire actif des cinq premières années de la scolarité pour tout ce qui concerne la syntaxe, les fonctions et les nuances des mots. »

En bref, ce livret de quarante pages met à jour la lecture (mais aussi sa concision la suppose-t-elle !) du livre essentiel de François TERS paru chez E.S.F. en 1973: Orthographe et Vérités.

Jean Foucambert