La revue de l'AFL Les Actes de Lecture n°17 mars 1987 ___________________ BRÈVES
LE
CHEMIN DES MILLE COURBES ET DES DIX MILLE COULEURS Audiovisuel réalisé par François RUY-VIDAL Pour certains philosophes un paysage ne prend sa réalité que sous l’œil de celui qui le contemple. Rien n'existe concrètement sinon par nos perceptions. Quant à la fiction, nous pouvons être plus affirmatifs : elle ne prend corps que sous le regard du témoin. Les livres qu'on n'ouvre pas n'existent pas. Ce sont des livres aveugles, des livres blancs, sans auteur et sans illustrateur, sans parfum et sans pouvoir. Bien entendu, ils ne sont que proposés à notre attention… à nous de les ouvrir. Mais, si nous les lisons un jour, c'est avec notre miroir personnel, récréant ce jardin d'interprétations qui est notre seul privilège, empruntant souvent pour nous y retrouver ou pour nous y perdre, ce « chemin des mille courbes et des dix mille couleurs » par lequel Wang-Fô, le personnage de Marguerite YOURCENAR (Comment Wang-Fô fut sauvé, éd Gallimard), pour échapper à la cruauté d'un tyran, s'est enfui dans la réalité propice d'une de ses images intemporelles... François RUY-VIDAL Les dix livres qui vous sont proposés Dix fuites poursuites aux trajectoires aussi sinueuses et étonnantes que ces plaisirs de l'imaginaire en liberté : • Comment
Wang-Fô fut sauvé • Brise
et Rose • Au
pied de la lettre • Le
kidnapping de la cafetière • ZOO_
O... 0... OH ! • Un
ours, je suis un ours • Le
loup blanc • CHUT • Hôtel
de l’ogre • Cheval
d’York * * * HISTOIRES...
QUELLE HISTOIRE Audiovisuel réalisé par François RUY-VIDAL Il est banal de dire que les enfants aiment écouter ou lire des histoires et c'est par leur biais que les adultes leur parlent et conversent le mieux, leur témoignent ce dont leur responsabilité les investit sous le couvert de la distraction : informations, avertissements, encouragements... principe de vie. Cependant, derrière ce schéma traditionnel des rapports d'éducation, d'histoire en histoire, l'espoir est que chaque enfant arrive, par ses propres chemins, entre intuition et raison, instinct et volonté, à un équilibre de ses forces pulsionnelles, dans ce pays qui n'appartient qu'à lui. Les images, celles des mots et des idées, celles des illustrations et des photographies et celles de la musique et des voix, ne sont après des rencontres parfois de hasard, que des étapes vers ce regard, le nôtre, qui crée ou recrée ces territoires de l'imaginaire. « Histoires, quelle histoire » n'est pas qu'un modeste itinéraire, à travers neuf livres, mais un voyage choisi qui, d'arbres en nuages, de pierres en ruisseaux, de chemins en clairières et de rivages en forêts propose aux spectateurs d'acquérir quelques parcelles de cet autre regard : celui qui suit la rencontre avec une intelligence partagée. François RUY-VIDAL Les neuf livres de l'audiovisuel • La
petite géante • Opipabulle • Les
loups du bal • Les
chaussures de Siméon • Pierrot
ou les secrets de la nuit • Les
papillons de Pimpanicaille (comptines) • Conte
numéro 1 • La
grosse bête de M. Racine
* * * LIVRAMBULE LES LIVRES PARTENT À LA RENCONTRE DES JEUNES
LIVRAMBULE, ce néologisme, a été créé pour servir l'idée maîtresse du projet. Les livres, agrémentés d'un suffixe à double sens, affirment un nouvel état dynamique et accueillant. Ambulants, ils partent à la rencontre des enfants, plus spécialement les réfractaires à la lecture, et habitent des structures légères et transparentes. Les kiosques LIVRAMBULE sont conçus pour être des sites d'accueil et de communication. Ils mettent à la disposition du grand public, particulièrement les jeunes de un à quatorze ans, une sélection de livres, trois cents titres, de cassettes et de jeux informatiques. Les bulles partent à la rencontre de leurs visiteurs sur les sites de vacances et de loisirs, s'installent en ville et à la campagne, à la sortie des écoles, des hôpitaux comme au cœur des manifestations culturelles et sportives. LIVRAMBULE, c'est aussi un programme de communication multimédia à l'attention des jeunes et de leur entourage. Les kiosques se reconnaîtront comme sites d'application des nouveaux médias de communication et d'information (exploitation de banque de données, images interactives, audio-vidéographie, information télématique). Les livres seront ici, non pas en concurrence mais en complémentarité harmonieuse avec les autres supports de communication.
GENÈSE D'UN PROJET LIVRAMBULE, avant de devenir le programme qui, aujourd'hui, est prêt à naître, a d'abord été une idée. Il n'est ni un caprice ni le produit d'une illusoire ambition, un défi peut-être! L'idée s'est imposée à son auteur, Myriam BOUTROLLE-CAPORAL comme une évidence, une nécessité, après plusieurs années de pratiques et d'analyse du marché des livres pour enfants. Pourquoi faut-il que les bons livres restent le privilège des seuls initiés? Comment peut-on parler d'une « réelle démocratisation de l'accès au livre et à /a lecture » si les structures commerciales ne la favorisent pas? Jusqu'où ira l'insidieux travail d'acculturation généré par la diffusion en masse d'une production de mauvaise qualité? Si tous les enfants avaient sur leur route quotidienne des livres adaptés à leurs goûts et à leurs besoins, ils auraient plus de chance de découvrir un jour le désir et le plaisir de lire. Cette réflexion a nourri, une année durant, l'analyse de marché, les entretiens et les stages auprès des professionnels engagés sur le circuit du livre. En juillet 1985, la nécessité de continuer la recherche en équipe s'est imposée. SELIMENE, association loi 1901, a été créée, des équipes pluri-professionnelles, réunissant les personnes les plus motivées par le projet ont élaboré les principaux cahiers des charges (analyse des différents concepts architecturaux, pré-études informatiques). Le projet ayant reçu la caution et l'aide financière des ministères (Culture et Communication, Éducation Nationale, Jeunesse et Sports) et de la Fondation de France, les études et les recherches architecturales ont pu être soigneusement menées. Pendant ce temps, quelques membres actifs de SELIMENE ont poursuivi leur travail de documentation sur les matériaux, les techniques et les matériels informatiques. Il a fallu également maintenir le contact avec les personnes qui, de toutes les régions de France ou de l'étranger, demandaient des nouvelles de l'évolution du projet qui leur avait été présenté au Salon du Livre en 1986. Deux étudiants, l'un en design et arts plastiques, l'autre en marketing, ont choisi de consacrer leur mémoire à certains aspects de LIVRAMBULE. L'année 1986 a permis aux architectes Armelle KERLIDOU, Marc AUBRY et François GUIGUET de travailler sur les plans de la bulle et de lancer un concours technique auprès des carrossiers susceptibles de construire le prototype. A l'arrêt, les bulles déploient des formes élégantes et transparentes à l'échelle des jeunes qu'elles accueillent (c'est en soi une performance technique !). Ces kiosques présentent et mettent en vente des supports variés de communication (livres, cassettes audio et vidéo, didacticiels). Tout autour de la bulle, des vitrines, des espaces d'affichage, un mur-image, avec des écrans-vidéo qui peuvent être mis à la disposition des annonceurs institutionnels ou industriels de la région. LE CALENDRIER L'opération est actuellement prête à être mise en oeuvre. Les étapes seront les suivantes :
Pendant la période pilote et pour l'exploitation du réseau, l'association SELIMENE gardera son rôle de concepteur; un comité de lecture pluri-professionnel mettra à jour le catalogue deux fois par an. SELIMENE assurera le plan de formation des animateurs-vendeurs responsables des kiosques. La gestion, l'exploitation, la coordination du réseau seront assurées par LIVRAMBULE S.A.R.L. Si le programme se développe selon les objectifs prévus, LIVRAMBULE pourra illustrer de façon vivante et originale que la diffusion de la culture des jeunes passe par la meilleure osmose possible avec leurs rythmes et modes de vie. Le pari difficile de LIVRAMBULE, c'est de créer le fil tendu - fragile certes - entre les impératifs culturels et commerciaux. La synergie de ces deux mondes, longtemps vécus comme rivaux, pourrait bien devenir la condition et la chance de l'épanouissement de la culture des jeunes d'aujourd'hui. Myriam BOUTROLLE-CAPORAL * * * LA SEMAINE DE L'ENFANT LECTEUR
Du 6 au 13 décembre dernier, s'est tenue au Forum de la FNAC, à Grenoble, la semaine de l'enfant lecteur. (Fruit d'une collaboration entre la FNAC, l'école du Lac, l'école maternelle de la Rampe et la médiathèque de l'Arlequin). À l'origine de cette opération : - les clubs lecture, - plusieurs expériences de collaboration entre la Médiathèque, l'école du Lac et des librairies de la ville. (Voir A.L. n° 5, mars 1984, p. 28 Lector de 5 à 7. Une expérience à Grenoble; A,L, n° 13, mars 1986, p. 13 Suivez Lector.) - une proposition de la FNAC : mettre le Forum (salle attenante au magasin) à notre disposition pendant huit jours pour que les enfants conseillent les acheteurs autour d'environ trois cents livres qu'ils auraient sélectionnés. A une condition : que la FNAC ait l'exclusivité de la collaboration. Certes, la condition mise nous a quelque peu fait réfléchir. N'allait-on pas entrer dans le jeu de la « guéguerre » que se livrent la FNAC et les « petites » librairies de la ville? Ce qui a emporté notre décision, c'est que nous avions le sentiment (qui s'est vérifié par la suite) d'avoir là la possibilité de traiter avec un véritable partenaire. La FNAC ne faisait pas cette proposition pour faire plaisir aux chères têtes blondes, mais, selon André DIR, le libraire, pour conforter son image de magasin soucieux d'informer le plus complètement possible sa clientèle. À partir de là, nous pouvions avoir nous aussi nos exigences et l'opération a pu s'engager sur des bases clairement définies.
• Côté école(s) et bibliothèque :
Se confronter au monde tel qu'il est et essayer d'agir sur lui, prendre conscience de son statut et essayer de le faire évoluer, Les expériences ont été multiples : les données recueillies nombreuses. Il y a matière à réflexion en vue d'orienter des actions futures.
À PROPOS DES CLIENTS 1. Peu d'enfants. Hypothèses :
2. Beaucoup plus de femmes que d'hommes. Et lorsqu'il y avait des hommes, ils étaient la plupart du temps accompagnés. Hypothèses des enfants: « Les mères connaissent mieux leurs ou les enfants, leurs goûts, leurs besoins. » 3. « Il y en avait de toutes sortes :
4. De manière générale, les clients qui souhaitaient un conseil s'adressaient assez spontanément aux enfants mais beaucoup moins aux adolescents du collège qui assuraient conjointement les permanences.
À PROPOS DU PERSONNEL DE LA FNAC« Quand les gens voulaient un livre qui n'était pas dans le forum, j'allais le chercher dans le vrai rayon "livres pour enfants". » « Il y avait une vendeuse vachement gentille, dans le rayon « livres pour enfants » Je crois qu'elle devait travailler un peu avec nous. » « Quand on lui demandait un livre et qu'on disait que c'était pour le forum elle allait le chercher et elle nous le donnait. » « Au bout de la deuxième fois que j'allais à la FNAC, je m'y sentais comme un poisson dans l'eau. ». ... Un poisson dans l'eau.., Ce sentiment de faire partie de la maison a été unanimement partagé et très apprécié.
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