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La revue de l'AFL

Les actes de lecture   n°27  septembre 1989

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LA DOCUMENTATION, CENTRE DE VIE D’UN ORGANISME DE FORMATION

Suite à une enquête réalisée auprès des formateurs de l'AFIFA, la documentaliste analyse les comportements en matière de documentation, regarde de près, sans complaisance, le fonctionnement de l'association par rapport a la documentation. Mais ce qui se passe ici ne ressemble-t-il pas à ce qui se vit dans bien des organismes ? Ce témoignage nous entraîne, sans doute, bien au-delà de Pontoise... et au-delà des pratiques de documentation ! La documentation de l'association n'est pas utilisée... Quelles explications on se donne de cette relative désertion ? « ... Si la documentation n'est pas sollicitée, c'est sans doute par habitude de fonctionnement, plus que pour des raisons de déplacement... chaque formateur s'est forgé son propre circuit d'information (bibliothèque, amis, documentation personnelle.. .). » Une seule personne indique qu'elle y effectue ses recherches.

« Il n'y a rien, tout est vieux, il n'y a pas d'argent. » Les locaux déteignent-ils sur les possibilités ? En bref, les locaux ne sont pas à la mesure de nos objectifs, de nos exigences.

... Des contradictions aussi en matière financière : les acquisitions (individuelles souvent) ne sont pas argumentées. Il n'y a pas de budget consacré à la documentation et, seuls, les premiers besoins exprimés sont satisfaits.

... L'explication est aussi du côté de la gestion du temps, et de la prévision des actions. En effet, prendre du recul, et prévoir les éléments nécessaires à l'organisation de son travail sont essentiels à la cohérence des actions. Certains formateurs ont du mal à se détacher du travail intensif de chaque stage... Par ailleurs, les stagiaires ont eux aussi des demandes ponctuelles qui sont à satisfaire rapidement. Et le formateur est souvent pris à satisfaire les demandes... et il n'existe pas, du coup, de démarche documentaire. Autre bénéfice de la documentations personnelle : détenir des informations, des documents intéressants revalorise le statut des formateurs qui n'est pas idéal : salaire en fonction des préparations et des heures devant les stagiaires ; pas de prise en compte des démarches et collaborations avec les travailleurs sociaux et autres partenaires... dans les faits, ils sont mi-salariés, mi-bénévoles. Enfin, le point le plus épineux, sans doute : la diffusion des outils conçus par les formateurs (et il faudrait s'entendre sur le mot « outils »).

... Les objectifs dans la diffusion interne à l'association de ce type de documentation peuvent se résumer ainsi « les échanges deviennent nécessaires si l'on veut améliorer de façon quantitative et qualitative les formations individualisées, accroître la compétence des formateurs (gain de temps pour produire mieux), mettre à disposition des formés des outils de qualité, validés et diversifiés ; impulser des innovations, des recherches nouvelles ». (C. CHRÉTIEN, Le courrier de l'ADEP.)

... Ce projet paraît ambitieux par rapport à la réalité qui est faite de réticences importantes quant à la diffusion de ses propres outils. Chacun tend à conserver jalousement ce qu'il a fait, et cette situation s'accentue dans une période de difficultés des associations... et puis, diffuser, cela suppose d'accepter le regard de l'autre, et tout point de vue n'est pas d'emblée évident à recueillir! La solution n'est-elle pas, là aussi, à rechercher dans des produits intermédiaires, entre les outils individuels et l'édition formalisée ? Alors quelles solutions ? La formation de formateurs à une démarche documentaire, sûrement... intégrée à une politique documentaire de l'organisme (politique d'acquisition où chaque secteur est responsabilisé, groupements d'achats, diffusion des informations dans un bulletin par exemple...). Ces propositions, nous en sommes conscients, concernent les aspects techniques d'un centre je documentation...

Un parallèle s'impose avec les problèmes des bibliothécaires publiques qui font triste mine avec les statistiques des publics nouvellement touchés... Ces dysfonctionnements que nous connaissons tous dans nos organismes, renvoient sûrement une image du formateur « peu lecteur » dans son champ professionnel. Il y aurait probablement autant à travailler sur ces aspects de la lecture des formateurs que sur les techniques de mise en place d'un autre type de documentation...

Marie-France FREY (AFL)