La revue de l'AFL
Les actes de lecture n°51 septembre 1995 |
note
de lecture
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Un rêve algérien
Jean-Luc EINAUDI
Le récit de la vie de Lisette Vincent, institutrice débutante en Algérie, en 1928, offre le portrait d'une pionnière. Elle découvre et développe, grâce à l'Inspecteur de l'Education Primaire qui lui fait passer son CAP, les méthodes pédagogiques nouvelles, et s'initie aux théories de Montessori, Decroly, Ferrière, Piaget, dans des colloques de la Ligue Internationale pour l'Education Nouvelle où elle rencontre Célestin Freinet. Mutée à plusieurs reprises pour des pratiques pédagogiques "subversives" et parce qu'elle ouvrait son école aux jeunes arabes, elles s'engagea dans la lutte contre le colonialisme et participa à la création du Parti Communiste d'Algérie. Avec le Front Populaire, se développèrent des campagnes de calomnies contre les instituteurs "rouges". Un mouvement d'extrême droite, antisémite, favorisa la révocation de plusieurs d'entre eux : sur les conseils de son Inspecteur, Lisette Vincent pris un congé de maladie et rejoignit "le Pioulier" cette école que Célestin Freinet créa, après avoir été lui même suspendu. Six mois après, dans l'impossibilité de rentrer à Oran, où une menace de mort contre elle avait été découverte, et dont elle fut informée par son Inspecteur, M. Le Cesve, elle décida de rejoindre Barcelone où elle créa une "République d'enfants" accueillant les fils et les filles des réfugiés espagnols. De retour en Algérie, elle échappe de peu à l'exécution capitale, lors de l'interdiction du Parti Communiste. Le récit se termine par la dernière
aventure politique (et non la moindre : celle de l'indépendance
de l'Algérie), de Lisette Vincent, qui semble avoir eu plusieurs
vies, mais était animée d'une seule doctrine : celle de la
fraternité, dont cette éducatrice hors pair s'est inspirée
dès ses débuts.
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