Les actes de lecture n°51 septembre 1995
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UN AUTEUR : Michel TOURNIER Ce texte de Nadine Pradeau est le troisième (*) d'une rubrique qui, à travers la présentation d'auteurs, d'ouvrages, de collections de mêmes genres ou abordant les mêmes thèmes, se propose d'aider les "médiateurs" du livre de jeunesse à organiser les rencontres des enfants avec les livres afin que "chacune de leur expérience s'intègre à l'expérience précédente" car selon Jean Claude Passeron : " c'est ce qui se construit entre les textes dans leur mise en relation et en réseau qui rend possible la lecture de type littéraire ". (*) Le fantastique à travers 4 livres de Chris van Allsburg. Yvanne Chenouf. A.L. nø49, mars 95, p.57. - Un écrivain : Roald Dahl. Pierre Badiou. A.L. nø50, juin 95, p.21. |
Michel Tournier est né en 1924. En 1967, il publie son premier roman : Vendredi ou les limbes du Pacifique. C'est donc à plus de 40 ans qu'il se déclare écrivain, mais sa passion pour l'écriture est bien antérieure, puisque depuis très longtemps, il écrit quotidiennement : seul moyen de faire "rentrer le métier", disent les écrivains. En 1972, il devient membre de l'Académie Goncourt. Pour toutes ces raisons, Michel Tournier est sans doute plus connu des adultes que des enfants. Des adultes ignorent même sans doute qu'il a écrit des livres pour enfants. "Des livres pour enfants", cette expression le ferait sûrement bondir, puisqu'il prétend, lui, ne pas écrire pour les enfants : " Je n'écris pas pour les enfants. Je méprise ceux qui écrivent pour les enfants et ce qu'ils écrivent, comme ils méprisent eux-mêmes les enfants. Simplement j'écris de mon mieux. Il m'arrive parfois (rarement) d'être si bon, c'est-à-dire si limpide, si concis, si essentiel que tout le monde peut me lire, même les enfants ". (Trousse-livre nø46). Les adultes auraient donc tort de se priver de la lecture des livres de Michel Tournier qui ont été publiés dans des collections jeunesse. La présentation d'un auteur est intéressante
car à travers ses livres, on découvre un homme et sa philosophie
de la vie. Un réseau cohérent se tisse entre les livres,
et les enfants comprendront ainsi qu'une histoire n'est jamais gratuite
et que l'écriture est l'expression d'une pensée plus ou moins
féconde. On n'écrit pas des livres pour écrire des
livres, on écrit aussi pour partager une idée.
Nous avons choisi cinq livres pour parler de lui
:
- Vendredi ou la vie sauvage, Folio cadet Les cinq histoires sont complètement différentes : un Robinson Crusoë revu et corrigé, un Petit Poucet contemporain qui fugue et rencontre un ogre angélique, la randonnée initiatique d'une fillette dans un jardin sauvage, une histoire d'amour entre Pierrot Colombine et Arlequin, enfin, l'épopée de deux transporteurs routiers sur l'autoroute Lyon/Paris. Pourtant derrière cette variété se cache une identité de thèmes. Un auteur est fait de chair, il vit, il questionne
le monde dans lequel se trouve ; il travaille une réponse dans ses
livres. On peut recenser beaucoup de thèmes chez Michel Tournier,
j'en ai choisi quatre : la solitude, la libération du tabou physique,
la marginalité, la primitivité. On aurait pu parler aussi
de la supériorité de l'enfance sur l'âge adulte, on
y reviendra dans la mise en réseau, du culte de l'ambiguïté,
du rapport entre les nomades et les sédentaires... mais il n'est
pas question de tout dire au cours de cette présentation, ces quelques
pages n'y prétendent pas.
La solitude et l'ennui Seul, on peut l'être par choix ou à la suite d'un concours de circonstances. Pierrot est seul par tempérament : " Il préférait l'hiver à l'été, la solitude à la société, et plutôt que de parler - ce qui lui coûtait et dont il s'acquittait mal - il aimait mieux écrire, ce qu'il faisait à la chandelle, avec une immense plume, adressant à la Colombine de longues lettres qu'il ne lui envoyait pas, persuadé qu'elle ne les lirait pas " (p 10, 11 de l'album). C'est un artisan solitaire et créateur. Amandine et Petit Poucet ont ce point commun qu'ils sont enfants uniques. Ils compensent tous les deux cette solitude avec des animaux domestiques. Amandine possède une chatte Kamicha, Pierre élève des lapins. Mais cette compagnie ne parvient pas à rompre complètement l'isolement dans lequel les enferment leurs parents respectifs. Pierre est le fils du Commandant Poucet, chef des bûcherons de la ville de Paris. Son autorité terrorise sa femme qui n'ose prendre la parole face à lui, on imagine que l'atmosphère n'est pas aux libres épanchements. Quant à Amandine, si ses parents n'ont pas le même profil, l'univers qu'ils lui proposent n'est guère plus réjouissant : " Dans la maison la température est toujours la même, été comme hiver. En toute saison les gazons du jardin sont aussi verts et bien rasés. On dirait que maman dans sa maison et papa dans son jardin font un vrai concours de propreté. Dans la maison on doit marcher sur des patins de feutre pour ne pas salir les parquets. Dans le jardin, papa a disposé des cendriers pour les promeneurs-fumeurs. " (p.36) Seul enfin, Robinson l'est puisqu'après son naufrage, il est le seul rescapé et l'unique représentant de son espèce. Comme les hommes de 1990, sa solitude le promène, entre la tentation de la drogue, du suicide ou de la production. Michel Tournier écrit dans Le vent paraclet : " Robinson se présente d'abord comme le héros de la solitude. Jeté sur île déserte, orphelin de l'humanité tout entière, il lutte des années contre le désespoir, la crainte de la folie et la tentation du suicide. " (p.221) Que ce soit dans la grotte qu'il découvre et où il va se laver, dans les bains de boues qui lui provoquent des hallucinations, il fuit son malheur mais le retrouve chaque fois qu'il reprend pied sur terre, avec l'angoisse de poser le pied trop tard la fois suivante. Finalement, partagé entre le désir de mourir et celui de vivre, c'est ce dernier qui l'emporte grâce à l'entreprise dans laquelle il se jette : celle de domestiquer ou de coloniser Speranza, son île. Le jour où Vendredi arrive fait espérer au lecteur la fin de cette solitude. C'est oublier que Vendredi est noir et Robinson blanc. Le piège de la civilisation se referme sur les deux hommes : il est logique que Robinson colonise Vendredi. " Tout allait bien en apparence. L'île prospérait au soleil, avec ses cultures, ses troupeaux, ses vergers, et les maisons qui s'édifiaient de semaine en semaine. Vendredi travaillait dur, et Robinson régnait en maître, Tenn qui vieillissait faisait des siestes de plus en plus longues. La vérité, c'est qu'ils s'ennuyaient tous les trois. " (p.72) En imposant une organisation draconienne à Vendredi et à lui-même, Robinson a emprisonné la vie. En parlant de l'organisation de ses parents, Amandine écrit dans son journal : " Je trouve qu'ils ont raison, c'est plus rassurant, mais c'est quelquefois aussi un peu ennuyeux. " (p.36) C'est l'opinion de Vendredi " qui ne comprenait rien à toute cette organisation, à ces codes, à ces cérémonies, et même la raison d'être des champs cultivés... " (p.72) Ils sont deux maintenant et pourtant chacun est seul et tente d'échapper à la surveillance de l'autre. Que l'opprimé souffre, personne ne s'en étonne, mais la force du dénigrement de cette hiérarchie, c'est que le chef aussi éprouve le besoin d'échapper à cette pression en retournant en cachette dans sa grotte, " cette sorte de drogue " (p.77). Chacun est réduit à faire semblant de vivre plutôt que de vivre vraiment : " Il n'y avait que Tenn qui ne faisait pas semblant de faire la sieste toute la journée. " (p.85) Enfin solitude et civilisation se donnent encore
la main dans L'aire du Muguet où Pierre plante ses rêves
de grandeurs dans l'univers déshumanisé de l'autoroute...
derrière le pare-brise de son camion.
La libération des corps La rigidité de notre civilisation se traduit aussi par cette censure qu'elle fait peser sur les rapports physiques. Dans les livres de Michel Tournier, les contacts physiques sont toujours présents au sens où il les définit dans Le vent paraclet : " Quand je parle de contacts physiques, j'entends bien entendu quelque chose de plus vaste et plus primitif que les jeux érotiques et relations sexuelles qui n'en sont qu'un cas particulier. " (p.27) Vendredi partage sa litière avec Tenn, le chien. Il tombe amoureux d'une petite chèvre blanche, Anda, à qui il a sauvé la vie : " Vendredi et Anda étaient inséparables. La nuit, Vendredi se couvrait de la fourrure chaude et vivante d'Anda, étendue sur lui. Le jour, elle ne le quittait pas d'un mètre. - Tu verras, disait-il Robinson. plus tard, quand elle aura du lait, je ne la trairai pas, comme nous faisions autrefois, non! Je la téterai directement, comme une petite maman ! " (p.119). Tout est fait pour isoler le corps, dès
que l'enfant n'est plus en âge d'être materné. Dans
Le vent paraclet, Michel Tournier dénonce ce " désert
physique où nos moeurs exilent l'enfant et l'adolescent ". " Quant
aux enfants, il est tout simplement affreux de leur jeter des poupées
ou des animaux pour tromper leur faim d'un corps ami chaud. " (p.28). Petit
Poucet se trouve en situation de transgresser cette règle, puisqu'au
cours de la nuit de sa fugue, de la compagnie de ses lapins il passe à
celle des sept filles de l'ogre. " Il revoit comme un rêve le grand
lit carré et une quantité de vêtements volant à
travers la chambre - des vêtements de petites filles et ceux aussi
d'un petit garçon - et une bruyante bousculade, accompagnée
de cris joyeux. Et puis la nuit douillette sous l'énorme édredon,
et ce grouillis de corps mignons autour de lui, ces quatorze menottes qui
lui font des caresses si coquines qu'il en étouffe de rire... "
(p.30 de l'album). Situation qui n'est pas sans nous rappeler le partage
symbolique de Colombine, lorsque celle-ci invite Pierrot et Arlequin à
dévorer la Colombine de brioche que le boulanger a confectionnée
pour fêter le retour de son amoureuse : " Comme je suis savoureuse
! Vous aussi, mes chéris, goûtez, mangez la bonne Colombine
! Mangez-moi ! " (p.36 de l'album).
La marginalité et l'initiation On devine déjA l'impasse dans laquelle se trouvent nos héros. Pour vivre en harmonie avec eux-mêmes, une seule solution leur reste : inventer de nouvelles règles, s'écarter de la voie tracée par leur éducation. Ainsi, naît dans ses histoires un marginal qui nous ouvre les portes d'un autre monde. Le premier auquel on pense : Logre de La fugue du Petit Poucet. Le livre a été édité dix années après 1968 et il porte les stigmates de cette époque. Logre joue de la guitare, il chante, porte des bijoux, ses cheveux dorés couvrent ses épaules. Pierre lui dira : " Vous êtes beau comme une femme ! " (p.22 de l'album). Contrairement au commandant Poucet, qui veut aller habiter en ville, dans une tour avec ascenseur et air conditionné, Logre a choisi de se retirer dans la forêt. Il s'occupe de sept filles, tandis que sa femme travaille, il est végétarien. Au-dessus du grand lit carré de ses filles, il a brodé cette inscription : " Faites l'amour, ne faites pas la guerre ". Sa philosophie de la vie, il l'explique au cours d'une veillée où flottent " les ailes bleues des drôles de cigarettes " (p.30): " - Ecoutez-moi, dit-il. Qu'est-ce qu'un arbre ? Un arbre, c'est d'abord un certain équilibre entre une ramure aérienne et un enracinement souterrain. Cet équilibre purement mécanique contient à lui seul toute une philosophie. Car il est clair que la ramure ne peut s'étendre, s'élargir, embrasser un coin de ciel de plus en plus vaste qu'autant que les racines plongent plus profond, se multiplient, se divisent en radicules de plus en plus nombreuses pour ancrer plus solidement l'édifice. Ceux qui connaissent les arbres savent que certaines variétés - les cèdres notamment - développent témérairement leur ramure au-delA de ce que peuvent assurer leurs racines. Tout dépend alors du site où se dresse l'arbre. S'il est exposé, si le terrain est meuble ou léger, il suffit d'une tempête pour faire basculer le géant. Ainsi, voyez-vous, plus vous voulez vous élever, plus il faut avoir les pieds sur terre. Chaque arbre vous le dit. " (p.26). Refuser les règles communément admises ne signifie pas vivre sans règle. " Le problème avec la morale, c'est que c'est toujours la morale des autres. " chantait Léo Ferré ; construisons chacun notre morale, nous dit Logre et écoutons la leçon de sagesse des arbres. Petit Poucet refuse la vie que son père a choisie pour sa famille, il fugue en laissant ce mot : " Je ne veux pas d'éclairage au néant, ni d'air contingenté. Je préfère les arbres et les bottes. Adieu pour toujours. Votre fils unique. Pierre " (p.11). Amandine est tiraillée entre le nid soigné de ses parents et l'accomplissement de ses propres désirs. Elle finit par trancher ; toute la difficulté est de surmonter un sentiment de culpabilité. " Je ne sais pas pourquoi, mais je crois que si papa et maman se doutaient de mes projets, ils feraient tout pour m'empêcher de les réaliser. Ce que je vais écrire est très vilain, et j'ai honte, mais comment faire ? Aller dans le jardin de Kamicha, je crois que c'est nécessaire et délicieux, mais je ne dois en parler à personne, surtout pas à mes parents. Je suis très malheureuse et très heureuse en même temps. " (p.45 46, Folio). Petit Poucet et Amandine grandissent, ils coupent le cordon ombilical. Certains parleront d'initiation. Oui, mais une initiation hors pairs, car ces enfants nous montrent qu'une manière de vouloir rentrer dans la société, c'est d'aspirer à en voir naître une autre. Cette nécessité de désobéir à la règle s'empare de Pierre, le héros de l'aire du Muguet dans un accès de colère. L'autoroute pour qui il avait tant de passion fait maintenant barrage à son amour, impossible d'accéder au village de Marinette. Pierre refuse de se résigner et veut passer outre les interdictions qui régnent en maître. Avec son camion, il s'arrête sur la bande d'arrêt d'urgence, fou de rage, il traverse à pied, dans la nuit, les six voies qui le séparent de l'aire du Muguet. Mais ici la loi est plus forte et une voiture le laisse inconscient sur le goudron. Enfin, le marginal habite symboliquement le personnage
de Vendredi qui dans la deuxième partie du livre convertit Robinson
à une nouvelle vie plus proche de la nature. " Vendredi - encore
plus vierge de civilisation que Robinson après sa cure de solitude
- sert à la fois de guide et d'accoucheur à l'homme nouveau.
" (Le vent paraclet, p.229).
La primitivité Dans chacun des livres, la nature est lA, porteuse de valeurs qui nous mettent en garde contre nos sociétés occidentales dites "développées", société de consommation, société du divertissement... Pierre est le produit de cette société, sa fascination pour l'autoroute en est la caricature : " Aux yeux de Pierre, l'entrée officielle sur l'autoroute revêtait une valeur de cérémonie que d'inutiles bavardages ne devaient pas troubler. " (p.30). Au cours d'une discussion il tente, sans y parvenir, d'en convaincre Gaston, son coéquipier plus âgé et plus "terre à terre". " Tu sens pas, quand tu franchis le guichet d'entrée, quand t'as la carte de péage en main, tu sens pas qu'il s'est passé quelque chose ? Ensuite tu fonces sur la ligne droite en béton, c'est raide, c'est propre, c'est rapide, ça fait pas de cadeau. T'as changé de monde. T'es dans du nouveau. C'est l'autoroute, quoi ! T'es de l'autoroute ! " (p.31). Ce sentiment de liberté et d'aisance ne s'exerce que dans les limites durement fixées par l'autoroute. Au-delA de ses limites, pas question de flâner ni de fleureter avec la campagne, une grille haute de plusieurs mètres vous le rappelle et si ce n'est pas suffisant, la police de la route s'en charge ! Cette vénération des valeurs de la nature permet de mettre en évidence les supercheries de notre société. C'est Pierrot qui, sans doute, le fait avec le plus de talent à travers une lettre d'amour écrite pour Colombine :
Arlequin représente nos vitrines, notre télé tapageuse. Il n'est pas sans rappeler "l'éclairage au néant". Il tente de gagner l'autre en le divertissant. Il est l'homme qui se regarde et qui s'écoute, tandis que Pierrot est l'homme qui se mange et nourrit. Dans la fugue du Petit Poucet, Logre incarne les " couleurs vraies et profondes " alors que le commandant Poucet représente l'ordre dans toute sa rigidité et se veut le garant du progrès technique. Dans le conte d'Amandine et les deux jardins, le jardin "civilisé" est synonyme d'ennui, tandis que le jardin sauvage est associé à la majesté, à la beauté, au mystère, à la force : " Ce que c'est que d'être dans le jardin ! Un vrai prince dans son royaume. " (p.49, Folio junior). Enfin, c'est Vendredi qui apprend à Robinson
à percevoir les ressources de l'île, à se débarrasser
du "protocole occidental".
" Pourquoi écrivez-vous ? À cette question Balzac a, je crois, répondu : pour être riche et célèbre. D'autres répondent au contraire : parce que c'est un acte nécessaire à mon équilibre psychique, et j'écrirais même si je ne devais pas être publié. Ce sont les deux réponses extrêmes. Je dirai quant à moi : pour être lu. " (Petites proses, p.217). On peut se contenter de cette réponse ou vouloir la préciser, car pourquoi tel projet d'écriture et pas tel autre ? En réalité Michel Tournier est prolixe en explications. Dans le nø46 de Trousse Livre, il écrivait : " Le grand problème de l'écrivain, c'est de faire passer un message d'amour, je veux dire d'érotisme, dans une société vouée à la mort. " Or le modèle de cette société qui proscrit sévèrement l'érotisme et préfère ériger la violence, est abondamment véhiculé par la télévision. " Il n'y a plus que la publicité qui parfois parvient à tromper la censure nécrophile, et à nous montrer des corps et des visages aimables. " Dans ce rejet d'une société "vouée à la mort", j'y vois, pour ma part, le refus d'un monde figé qui nous offre des reflets manichéens de ce que nous sommes, qui nous range dans les tiroirs soigneusement cloisonnés. Pour reprendre l'exemple de la télévision, la panoplie de dessins animés pour enfants fonctionne presque toujours sur le modèle du bon et du méchant, de la morale toujours sauve. Ainsi très tôt, les enfants apprennent qu'il y a d'un côté les bons, de l'autre les méchants, qu'on est méchant à vie, ou bon à vie. Dans leur vie hélas, peu d'adultes, leur démentiront cette façon d'appréhender les autres et le monde. N'y-a-t-il pas à l'école, les bons et les mauvais élèves ? N'est-il pas vrai qu'à l'école les mauvais élèves le restent toute leur scolarité... Trop rares sont les situations où les enfants peuvent concevoir que nous ne sommes pas un, mais multiples, que le bien et le mal sont en nous et qu'il dépend de nous et d'autres qu'un des deux l'emporte sur l'autre. Hubert Nyssen, écrivait dans la revue Sud consacrée à Michel Tournier : " Il a montré, par plusieurs voyages déjA, que le véritable conquête des choses par les mots, c'était la re-création des choses et au besoin leur invention. " (p.27). Les histoires de Michel Tournier montrent deux choses : - des rapports différents entre les personnages - des héros qui évoluent
À contre courant
Quand les enfants ont compris le type de rapports
que Robinson a établi avec Vendredi et qu'ils apprennent que ce
tyran perd son pouvoir avec l'explosion de l'île, ils sont persuadés
que Vendredi va prendre sa revanche. Une revanche qui ressemble à
une inversion de rôle, Vendredi prenant la place de Robinson. Si
cette situation avait été, rien n'aurait changé, on
inversait les pions mais le jeu restait le même. Or, ils voient un
homme Vendredi qui transforme la situation. Il ne devient pas le maître
mais l'initiateur de Robinson à qui il fait découvrir une
nouvelle vie. Rien à voir avec le paradis. Les conflits existent,
la mémoire garde la violence du passé, il arrive à
Robinson et à Vendredi de se haïr, mais ils tentent de dépasser
la violence. C'est Vendredi qui propose une solution un jour qu'il voulait
battre Robinson qui s'obstinait à rejeter sa cuisine. Il s'éloigne
lourd de la colère qu'il n'a pas exprimée contre Robinson
et revient " en traînant sans douceur une sorte de mannequin. " (p.99).
" Dès lors, ils vécurent à quatre sur l'île.
Il y avait le vrai Robinson et la poupée Robinson, le vrai Vendredi
et la statue de Vendredi, et tout ce que les deux amis auraient pu se faire
de mal - les injures, les coups, les colères - ils le faisaient
à la copie de l'autre. Entre eux, ils n'avaient que des gentillesses.
" (p.100). Ce jeu n'a pas suffi à Vendredi pour extirper le passé,
il en inventa un autre qui n'est pas sans rappeler un clip de Jonny Cleg,
chanteur blanc devenu frère des Zoulous d'Afrique du Sud malgré
l'apartheid. Le chanteur a la moitié du corps peinte en noir, tandis
que son ami zoulou s'est peint une moitié blanche. Vendredi se déguise
en Robinson, à ce signal Robinson se transforme en Vendredi. Ils
jouent alors " des épisodes de leur vie passée, alors que
Vendredi était un esclave apeuré et Robinson un maître
sévère. ". " Robinson avait compris que ce jeu faisait du
bien à Vendredi parce qu'il guérissait du mauvais souvenir
qu'il avait de sa vie d'esclave. Mais à lui aussi Robinson, ce jeu
faisait du bien, parce qu'il avait toujours un peu de remords d'avoir été
un maître dur pour Vendredi. " (p.105).
Des hommes en mouvement
Pierre depuis qu'il est amoureux de Marinette, "attrape" d'autres goûts : " C'est drôle comme le paysage est beau par ici, (...). Ca fait des dizaines de fois que je le traverse, je m'en étais jamais aperçu. " (p.47). Quant à Petit Poucet et à Amandine, ils quittent leur statut d'enfants résignés. Il n'y a que le commandant Poucet, représentant de l'ordre et de la loi, qui demeure tel quel jusqu'à la fin. Il vient récupérer son fils chez Logre avec deux gendarmes et les menottes. " ...il se lance dans une inspection furibonde et écoeurée des lieux. " - Les arbres, ça fait pulluler les champignons et les vices. Rien que le Bois de Boulogne, vous savez ce que c'est ? Un lupanar à ciel ouvert ! Tenez regardez ce que je viens de trouver ! Le capitaine de la gendarmerie se penche sur le cadre brodé Faites l'amour, ne faites pas la guerre ! - Ca, admet-il, c'est une pièce à conviction : incitation de mineur à la débauche et entreprise de démoralisation de l'armée ! Quelle saleté ! " (p.33 de l'album). Il est resté le Robinson "stupide et borné"
d'avant l'explosion. Cette volonté de vouloir faire sortir les hommes
de leur statut, Michel Tournier l'a exprimée dans Le vent paraclet
: " Oui, j'aurai voulu dédier ce livre à la masse énorme
et silencieuse des travailleurs immigrés de France, tous ces Vendredi
dépêchés vers nous par le Tiers Monde, ces trois millions
d'Algériens, de Marocains, de Tunisiens, de Sénégalais,
de Portugais sur lesquels repose notre société et qu'on ne
voit jamais, qu'on n'entend jamais, qui n'ont ni bulletin de vote, ni syndicat,
ni porte-parole. En toute logique, en toute justice une partie importante
de la presse écrite, de la radio, de la télévision
devrait non seulement leur être consacrée mais leur appartenir.
Notre société de consommation est assise sur eux, elle a
posé ses fesses grasses et blanches sur ce peuple basané
réduit au plus absolu silence. Tous ces éboueurs, ces fraiseurs,
ces terrassiers, ces manoeuvres, ces trimardeurs, il va de soi qu'ils n'ont
rien à dire, rien à nous dire, rien à nous apprendre,
tout à gagner au contraire à notre école et d'abord
à apprendre à parler une langue civilisée, celle de
Descartes, de Corneille et de Pasteur, à acquérir des manières
policées, et surtout à se faire oublier des stupides et bornés
Robinson que nous sommes tous. " (p.237).
Un air de déjA vu " Peut-être le comble de l'art consiste-t-il à créer du nouveau en lui prêtant un air déjA vu qui rassure et lui donne un retentissement lointain dans la presse du lecteur ". (Le vent paraclet). Nous connaissons tous l'aventure et le nom de Robinson et de Vendredi. Nous connaissons tous les trois personnages de la comédie italienne : Pierrot, Colombine et Arlequin. Nous avons tous écouté un jour l'histoire de l'ogre et du Petit Poucet. Le lecteur va sans doute plus facilement à
la rencontre de ce qu'il connaît déjA et les changements
que l'auteur inflige à ce qu'il croyait connaître lui apparaissent
comme des précisions qu'il a hâte de découvrir. Ainsi
se laisse t-il entraîner dans ce nouveau récit.
Une préférence pour les contes. Dans un entretien publié dans un numéro spécial de L'école des lettres, Michel Tournier écrivait à propos du conte : " C'est une petite histoire qui veut dire quelque chose. Mais on ne vous dit pas quoi. C'est énigmatique. c'est une fable dont on vous a caché la morale et l'intérêt justement, c'est la discussion qui peut s'engager autour d'un conte. (...) C'est une maison hantée. Vous entrez dans une maison, il y a quelqu'un, mais ce sont des fantômes." Voici sans doute une explication à son goût pour l'allégorie. Rappelez-vous la parabole de l'arbre, elle rebondit à nouveau dans le récit à travers Pierre, le petit Poucet : " il flotte dans l'air comme un grand arbre - un marronnier, oui ; pourquoi justement un marronnier, il n'en sait rien, mais c'est sûrement cet arbre-lA - et les paroles de Logre viennent habiter ses branches avec un bruissement lumineux. " (p.30). Son goût pour les métaphores ou métamorphoses dont un exemple nous est donné lors de la fugue de Pierre quand il sent la fatigue monter en lui : " Il tombe de sommeil. Et ce maudit cageot qui lui scie la hanche. S'il se reposait juste une minute sous un arbre ? Par exemple sous ce grand sapin qui a semé autour de lui un tapis d'aiguilles à peu près sec ? Tiens, on va sortir les lapins. Ca tient chaud les lapins vivants. Ca remplace une couverture. C'est une couverture vivante. Ils se mussent contre Pierre en enfonçant leur petit museau dans ses vêtements. Je suis leur terrier, pense-t-il en souriant. Un terrier vivant. " (p.16 de l'album). Et Alain Gauthier, l'illustrateur d'interpréter en rêve la pensée de Pierre : on le voit sur l'illustration lové au creux du ventre d'un lapin. Enfin, souvenez-vous, la lettre de Pierrot à
Colombine qui tente de lui révéler qui il est ; les " cendriers
pour les promeneurs-fumeurs" qui évoquent le summum de l'ordre et
de la propreté...
Un texte difficile. C'est le reproche que certains feront à Michel Tournier : trop difficile, élitiste, pas fait pour tout le monde, pas avant un certain âge... C'est oublier deux choses. Quel est l'enfant qui comprend le sens de ces mots : " Tire la chevillette et la bobinette chèrera." ? Peu sûrement, mais elle résonne comme une formule magique dans nos mémoires. C'est oublier que le conte est énigmatique, qu'il nécessite qu'on le ré-écoute, qu'on le relise. Il suffit qu'il dépose en nous une interrogation, un désir de savoir et un enchantement. Qui peut dire que tel conte de Michel Tournier est pour tel âge, pour tel type d'enfant... Bien prétentieux serait-il, et bien mauvais pédagogue. Ceci n'exclut pas que la complexité est
réelle. Je rappellerais, ainsi que le faisait Yves Parent (A.L.
nø26) qu'il nous appartient, à nous éducateurs, de
" compléter le capital de connaissances nécessaires à
la compréhension d'un ouvrage ou à des lectures diverses
(en particulier esthétiques, génératrices d'un plaisir
lié au jeu des idées et de la langue) ". En ce qui concerne
la Fugue du Petit Poucet, exemple qu'a choisi l'auteur, il précise
: " Le plaisir, alors, évidemment, est conditionné par une
information à la fois historique et littéraire. Information
dont beaucoup d'enfants et d'adolescents ne disposent pas et que les médiateurs
ont, par conséquent, le devoir d'introduire le moment venu, pour
susciter des "pactes" nouveaux et évolutifs. "
La ré-écriture de Vendredi ou
Nous nous interrogerons toujours sur le poids que l'écrivain accorde à ses jeunes lecteurs. Quelle sorte de mets lui donne-t-il à manger ? Avec Michel Tournier nous avons cette chance qu'il a produit "la même oeuvre", une fois pour les adultes, une fois pour les enfants. Les transformations subies : modifications de l'histoire, suppressions, rajouts... nous renseignent sur ce qu'il a décidé de dire aux uns et pas aux autres, sur les manières qu'il prend avec les uns et pas avec les autres. Plusieurs études ont été réalisées. L'une d'entre elles, faites par Maurice Thuillère, publiée par la revue TEM nø5, conclut qu'ici " l'acte d'adaptation est avant tout un acte de création littéraire ". Cette conclusion résulte de la comparaison du naufrage de Robinson dans les deux versions. Entre les deux, il n'y a pratiquement pas de variation dans la longueur des phrases, la simplification du vocabulaire existe, mais elle n'est pas systématique obéissant ainsi à une règle de la poésie énoncée par Michel Tournier lui-même : la précision et le mystère. Des images remplacent des mots et inversement. Réécriture ne signifie pas "affaiblissement lexical" ou "coupure", mais re-création. Qu'une adaptation réalisée par l'auteur lui-même soit un acte de création, nous l'admettons comme une évidence : Vendredi et les limbes du Pacifique, et Vendredi ou la vie sauvage sont DEUX oeuvres littéraires. Plus pertinente est la comparaison réalisée par Arlette Bouloumié, dans une étude publiée dans un numéro spécial de L'école des lettres. Elle a choisi le passage où Robinson sauve la vie à Vendredi. On y constate des changements importants. Le premier, c'est l'arrivée de Vendredi qui intervient beaucoup plus tôt dans le deuxième roman. Effectivement Vendredi deuxième version joue un rôle beaucoup plus déterminant, il initie le lecteur au même titre que Robinson. Très vite l'attention du lecteur se porte sur lui, alors que dans la première version, le lecteur reste plus longtemps avec Robinson seul, puis, à travers son journal, avec Robinson pensant. Ce choix modifie le statut des personnages dans l'oeuvre mais ne change rien à celui du lecteur. D'autres transformations, en revanche, ouvrent le débat. Dans le premier roman, Robinson, pour se protéger, tire sur Vendredi parce qu'il est le premier indien qui s'approche de lui. C'est par accident que Vendredi est épargné et que Robinson devient son sauveur. Dans le deuxième, Robinson a-t-il moins peur ? Est-il devenu plus humaniste, moins raciste ? Toujours est-il que c'est volontairement qu'il sauve la vie. Pourquoi Robinson prend-il des apparences plus humaines lorsqu'il se présente aux enfants ? On sait que le pessimisme et la cruauté, avec l'érotisme, sont proscrits de la littérature enfantine. Qu'est-ce qui a conduit l'auteur à opérer ce changement ? Le sentiment que le premier geste commandé à Robinson est inopérant pour le récit ? Qu'il est plus logique parce qu'il espère gagner un compagnon, comme dans la version de Defoe ? Ou qu'il est néfaste de montrer aux jeunes lecteurs un héros dont les pulsions sont caractéristiques de la haine du blanc pour le noir ? Dans le même ordre d'idée, l'auteur de l'article pré-cité rapporte les propos de Pierre Grippari concernant l'adaptation des livres de Michel Tournier pour les enfants : " Il y a deux choses qui ne peuvent pas passer : c'est le côté sexuel et c'est le côté philosophique. " Michel Tournier répond : " La sexualité n'a pas disparu dans Vendredi ou la vie sauvage ". Elle a évolué. Je dirais même qu'elle a une forme beaucoup plus choquante (...) parce que le personnage qui incarne la sexualité dans Vendredi ou la vie sauvage (...) c'est la petite chèvre - Anda qui a avec Vendredi les rapports les plus tendres. Et le meurtre du bouc Andouar ne s'explique que par lA. C'est une histoire d'amour. Vendredi et le bouc se battent pour l'amour d'Anda, ce sont des choses que les enfants comprennent très bien et que les adultes comprennent beaucoup moins bien. On peut même dire que c'est Vendredi ou les limbes du Pacifique qui constitue un livre expurgé pour les adultes alors qu'il y a une sexualité - comment dit-on - bestialiste dans Vendredi ou la vie sauvage. Quant aux aspects philosophiques, Michel Tournier s'est souvent expliqué sur l'erreur qu'il pense avoir faite en les "étalant cyniquement" dans le premier roman : " Je préfère la seconde version, la plus simple, parce que je retrouve qu'il faut être simple dans la vie, être simple et vertueux. " Peut-on alors lui reprocher, dans la version de
Vendredi ou la vie sauvage, le didactisme dont il use. Dans l'épisode
des marionnettes, il estime sans doute que le récit du jeu que Vendredi
a mis au point ne suffit pas à en expliquer les raisons et les effets,
il conclut le chapitre sur le passage déjA cité page
100. Ainsi le texte est-il souvent ponctué de telles explications
qui sont sensées éclairer la pensée du jeune lecteur
qui se laisserait peut-être bercer par le récit aventureux
de l'histoire, sans percevoir le message. Cette attitude a au moins le
mérite de la transparence : "voilA ce que je veux dire !".
Je la préfère au vide sinistre avec lequel on cherche si
souvent à nous combler et, pire, qu'on estime suffisant pour les
enfants.
On peut rappeler ici les propos de l'auteur qui déclare que celles de ses oeuvres publiées pour la jeunesse sont le meilleurs de lui-même. " À ce moment-lA j'approche mon idéal littéraire : les fables de La Fontaine, les contes de Perrault, ceux de Grimm et d'Andersen, les Histoires comme ça de Kipling, le Niels Holgerson de Selma Lagerl"ff, Le Petit Prince de Saint-Exupéry,... " On peut souligner que les thèmes chers à Michel Tournier passés en revue dans la première partie, traversent l'ensemble de son oeuvre. Ce qui lui est cher : il le dit aussi aux enfants. Ce qui ne va pas sans poser problèmes. Pierrot ou les secrets de la nuit a beaucoup été critiqué lors de sa parution. On lui a reproché de faire l'" apologie du ménage à trois ". À l'exception de l'ex RDA qui lui a décerné un prix, les pays dans lesquels il est habituellement traduit, ont refusé la traduction. On peut ajouter enfin que la plupart des contes ont été publiés dans Le Coq de bruyère, pour le plaisir de beaucoup d'adultes. Rien n'est insignifiant, tout est porteur. À propos d'Amandine, Le Monde publiait en 1977, un entretien de plusieurs colonnes avec l'auteur, Pierrot et les secrets de la nuit a fait couler beaucoup d'encre... Enfin, la présence des enfants dans son
oeuvre est importante autant que le rôle qu'ils y jouent. Souvent
ce sont eux qui bousculent les règles. Michel Tournier pense que
les enfants sont moins prisonniers des règles que les adultes, qu'au
fond, ils sont plus proches de Vendredi que de Robinson. Ils sont plus
libres, plus disponibles, plus inventifs. Certaines mauvaises langues diront
qu'il les aime précisément trop... Lui a écrit dans
Le vent paraclet : " Un enfant n'est pas une page blanche sur laquelle
il faut inscrire un savoir. " (p.61).
Tous les auteurs ne choisissent pas, comme Michel Tournier, de mettre en valeur les possibles de l'espèce humaine, de donner au rêve la puissance de la réalité. Certains préfèrent, à travers la fiction, exacerber ce que la nature humaine possède de plus horrible. Ces auteurs sont nombreux. L'un deux, William Golding est intéressant. Dans son roman Sa majesté les mouches, il crée une fiction qui l'oppose à Michel Tournier. Une catastrophe a réuni sur une île
déserte un groupe d'enfants. Ils se retrouvent lA, seuls,
sans adultes. Démarre alors pour eux, ou tout au moins pour certains,
une deuxième catastrophe. Car les enfants livrés à
eux-mêmes, loin des règles auxquelles les adultes les soumettent,
donnent naissance à la pire espèce. Celle où règne
la loi du plus fort, le goût du pouvoir, l'exaltation de la violence
et de la cruauté. Et sur ce point, quand William Golding écrit,
les adultes n'ont rien à leur envier. Pour lui, les enfants ne sont
pas meilleurs que les adultes, il n'y a pas de différence à
faire. Les hommes sont fondamentalement mauvais et plus ils sont vierges
de civilisation, plus le mal qui est en eux fait des ravages. Le bon sauvage
n'existe pas, seule la sauvagerie règne.
Nadine PRADEAU.
BIBLIOGRAPHIE . Le vent paraclet, Folio, Gallimard - Petites proses, Folio, Gallimard - Entretien avec Michel Tournier, Le Monde 1977, in Le Coq de bruyère - Faut-il écrire pour les enfants ? Michel Tournier, Courrier de l'UNESCO, juin 1982. (A.L. nø5, mars 84, p.18 ou La littérature enfantine. Dossier des actes de lecture nø1. AFL). - Numéro spécial de L'école des lettres : le roman, 1er mai 1989 - Texte En Main, nø5 - SUD, revue littéraire, hors série 1980 - Trousse livre nø46 - Pour une lecture dirigée de Pierrot
et les secrets de la nuit, L'école des lettres nø1,
2, 3, 4 de 1989
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