Les actes de lecture n°52 décembre 1995
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note de lecture
Les deux ouvrages publiés par le CRDP de Grenoble, comme celui de Gérard Castellani présenté plus haut, témoignent que le temps est bien révolu où, dans les collèges, on considérait la lecture, sinon comme l'affaire exclusive de l'école élémentaire, tout au moins comme celle des professeurs de français. Mieux encore, conçus comme des aides aux enseignants par des auteurs enseignants eux-mêmes ou formateurs et donc très au fait des réalités du "terrain", ils révèlent à travers les informations et les propositions qu'ils contiennent, les préoccupations et les besoins des professeurs et l'évolution des pratiques en matière de lecture.
Le premier, Lectures pour les collèges. Quels livres, pour quel usage ? réalisé par l'équipe de rédaction de la revue Lire au collège, est un recueil d'informations bibliographiques sur la littérature de jeunesse et les ouvrages de référence, de conseils sur le choix des romans, des documentaires et des bandes dessinées. C'est aussi un répertoire de pratiques et d'animations composant autant d'approches pédagogiques des multiples genres (des classiques à la BD) de la littérature de jeunesse. Dans cette partie, si nous apprécions ce que Nicole Schneegans appelle la "recherche de cohérence" (autour d'un thème, d'un genre, d'un auteur..) et qui s'apparente à nos "mises en réseau" des lectures en BCD " afin que se construisent entre les textes les relations qui rendent possible la lecture de type littéraire ", nous sommes en revanche moins convaincu par le chapitre consacré aux pratiques pédagogiques elles-mêmes dans la mesure où ne sont présentées que des activités, la plupart au sein de la classe, s'intégrant parfaitement dans l'enseignement habituel du français et qui n'innovent que parce qu'elles se font en liaison avec le CDI et prennent comme supports des écrits non-scolaires. Si " les vertus pédagogiques et culturelles de la littérature pour la jeunesse ne sont plus à démontrer " comme il est écrit dans la présentation de l'ouvrage... encore faut-il prendre garde qu'un souci excessif d'"exploiter" pédagogiquement ces "vertus" ne transforme par trop la littérature de jeunesse en objet d'études et n'en détourne bon nombre d'enfants. Malgré cette réserve, ce livre est un document précieux qu'on devrait pouvoir consulter dans tous les collèges, une mine d'informations pour tous les enseignants et les "médiateurs".
"L'invention de la lecture au collège" exprimée par les textes officiels qui font de " la maîtrise de la lecture, l'un des objectifs majeurs du collège " et que concrétise une évaluation nationale annuelle, l'obligation faite par ces mêmes I.O. " d'apprendre aux élèves à lire tous les textes " assignent à tous les professeurs de nouvelles ambitions.
Le second ouvrage du CRDP de Grenoble : Les écrits non-littéraires au collège. De la classe au CDI. (sous la direction de François Quet avec la collaboration de Nadine Travacca et de Luz Vilarrupla) expose aux professeurs (et aux maîtres du cycle 3) en termes simples et avec un minimum de références théoriques des exemples de ce qu'il est possible et souhaitable de faire dès lors qu'on rompt avec l'étude exclusive des écrits littéraires patrimoniaux et qu'on s'intéresse aux "écrits de la vie quotidienne". Des relations d'activités, des situations diversifiées de lecture-écriture illustrent des démarches rigoureuses inspirées des travaux fondamentaux sur la lecture méthodique, la grammaire textuelle, la typologie des textes...
Bien que s'adressant en priorité aux professeurs de français, les auteurs insistent dans les présentations introductives et les commentaires de leurs exemples d'activités ponctuelles (reformuler, employer le passif, ponctuer...) ou de projets plus vastes (élaborer un dossier, réaliser un album...) sur la nécessité d'une collaboration au sein des équipes professorales et de projets transdisciplinaires, en un mot d'une ouverture si l'on veut aider véritablement les élèves à "savoir tout lire et tout écrire".
M.V.