Les actes de lecture n°52 décembre 1995
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Avenir du travail,
avenir de l'Éducation... |
Sous le titre, qui se voulait un clin d'oeil, Pour lire la société
en mutation en entrant par le haut, j'ai voulu lancer un débat sur
le lien que nous devons établir entre les perspectives ouvertes
par les mutations sociétales en cours et l'utopie mobilisatrice
dont nous avons besoin. J'espérais bien que Jean Foucambert s'y
engage. C'est fait. Je veux croire qu'à sa suite, d'autres contributions
théoriques viendront enrichir ce débat, et que des initiatives
militantes vont s'efforcer d'apporter des contributions pratiques. C'est
dans cet esprit que le Groupe Local grenoblois va examiner le projet d'une
réalisation de "Théo-Prat" portant sur un ou plusieurs des
thèmes recouvrant l'objectif "l'école pour apprendre à
vivre".
Premiers pas qui permettront, peut-être, de constituer "l'intellectuel collectif" que j'appelais de mes voeux, à l'instar de Pierre Bourdieu. Et puisque les Actes envisagent favorablement l'idée d'une rubrique portant sur le sujet, je me propose de l'alimenter grâce à l'observation attentive des informations qui me parviennent. J'appelle les militants intéressés, qui ont accès à d'autres sources, d'alimenter cette rubrique. Dans cet article, Gorz en procédant à l'analyse critique du livre de Jeremy Rifkin The end of work répond à des objections que mes lectures laissaient jusque-là sans réponse. Première objection : le problème
ne touche que les pays développés. Selon Rifkin, il s'avère
que "la fin du travail, la fin de la société salariale"
ne sont nullement "une sorte de luxe des pays nantis", qui s'accommoderait
"de création d'innombrables emplois et de la naissance de nouvelles
sociétés salariales" dans les pays du Sud en développement
"grâce à la délocalisation des industries de main-d'œuvre
et à des transferts massifs de capitaux." Pour preuve l'exemple
du Mexique où "les industries implantées par les multinationales
ont égalé, voire dépassé le degré d'automatisation
des industries nord américaines ou japonaises." L'exemple de la
Thaïlande où "l'on automatise très rapidement les usines
de l'industrie textile", l'exemple du Brésil "où les multinationales
construisent des usines et des bureaux employant encore moins de salariés
que leurs équivalents aux États-Unis."
Seconde objection : le renforcement de la société
duale.
À l'école, comment détecter et rendre utiles les savoirs, l'expérience de vie de chaque enfant, et contribuer ainsi à le reconnaître et le valoriser ? Pour le moins, si l'on se limite aux savoirs scolaires, il est possible de répondre, en reprenant la vieille idée de "l'enseignement mutuel". C'est précisément à quoi peuvent aboutir "les réseaux" en question : ainsi, au Lycée Jeanne d'Arc, en Corrèze, cela débute par un échange entre deux classes: "l'élève qui a une difficulté inscrit une demande d'aide sur le tableau, un autre élève lui vient en secours". "D'abord limitée à la grammaire et à l'orthographe la méthode a pris de l'ampleur", elle s'est ensuite établie entre professeurs et élèves, puis elle s'est développée, touchant une centaine d'élèves, et s'est étendue au sport, à la musique, l'informatique. Selon un (e) professeur, "les résultats sont là, c'est évident, les élèves ont progressé, surtout ceux qui offraient, puisque c'est en transmettant qu'on apprend." Cette remarque, que nous savons juste, est sans doute mise en relief pour rassurer les parents des bons élèves qui craignent que leur enfant soit retardé. Dans la perspective de "l'école pour apprendre à vivre" nous pourrions mettre en avant l'apprentissage de la solidarité. Je ne doute pas que les militants de l'AFL puissent évoquer leur expérience dans ce domaine. Cette rubrique attend leur témoignage. Au moment où s'élabore le nouvel ELMO, où toute une équipe met la dernière main à des séries d'items particulièrement novateurs, mais ambitieux et donc difficiles d'accès pour certaines catégories de la population scolaire, on peut imaginer que les futurs utilisateurs soient encouragés à former des moniteurs (appelés à porter de l'aide dans une classe voisine, si l'on craint le renforcement d'une hiérarchie entre élèves, phénomène qu'on ne peut négliger dans l'enseignement mutuel). Pourquoi pas un "Théo-Prat" sur l'enseignement mutuel centré sur l'écrit ? Inscrivez-vous! (Un réseau d'échange peut être imaginé entre ceux qui ont le temps de rédiger pour des raisons liées... au temps qui passe, et ceux qui agissent sur le terrain et qui manquent eux-mêmes de temps...). Raymond MILLOT
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