Les actes de lecture n°55 septembre 1996
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Encore les Assises
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ou de l'école à la ville |
Dans un premier article (A.L. n°53, mars 96, p.127), alors que nous sortions à peine de la période où la tension nerveuse retombe et où l'on ressent pleinement la fatigue, nous plaisantions sur le thème du verdict : galères, bagne... Aujourd'hui, "on" nous demande de préparer - et de présenter - un atelier... En ce début de vacances, nous quittons donc la perspective des travaux forcés mais restons comme marqués par cette nécessité, le travail. Essayons donc qu'il soit fructueux, porteur de joie et non, comme le rappelle souvent Jean Foucambert, synonyme de chagrin. L'originalité de notre manifestation qui s'étendait sur quatre jours était sans doute l'articulation d'un stage professionnel d'une durée de deux jours et de deux jours de colloque scientifique, ces deux moments complémentaires se voulant également de haut niveau. Rappelons qu'après de nombreuses discussions il fut décidé de retenir la candidature de villes de la banlieue bordelaise plutôt que de rechercher dans la métropole régionale une salle "de prestige". Le stage eut donc lieu à Floirac, dans des locaux municipaux, et le colloque à Lormont, dans les mêmes conditions. Ce choix nous semblait important, et les réticences rencontrées, qui ne sont pas sans rappeler ce que l'on dit, par exemple, du salon de Montreuil, nous paraissent une bonne image du chemin que nous avons à parcourir pour que chacun admette qu'il n'y a pas de lieux indignes, et, tout simplement, que la lecture peut vraiment être l'affaire de tous... Rappelons aussi quelques données chiffrées
: . Le Colloque réunit au total (certains n'ayant pu suivre les 2 jours) 230 personnes, dont 51 stagiaires, 57 invités et 40 intervenants ou membres de l'organisation. Si j'évoque à nouveau tout ceci,
ce n'est pas pour retrouver pour quelques instants et de façon un
peu narcissique ces moments de congratulations où l'on s'étonne
malgré tout : pas de catastrophe, les gens plutôt contents,
les trains arrivés à l'heure, etc.. Je voudrais simplement
insister à nouveau sur la réalité du besoin auquel
répondaient ces Assises et sur l'alliance entre pratique et théorisation
qui les ont caractérisées.
Je prendrai un détour pour tenter de répondre à cette question. J'ai rencontré l'AFL au hasard d'une Université d'été ; il me semble que si je me suis peu à peu engagé dans l'Association, ce n'est pas seulement à cause de la qualité de certaines interventions, ni par sympathie, ni même à cause de l'étonnement tout compte fait heureux (quand même, qu'est-ce qu'on a bien bossé !) de l'Alexandre le Bienheureux qui sommeille en moi. Je crois que c'est parce que j'ai trouvé à l'AFL, plus clairement affirmée que nulle part ailleurs, la nécessité d'une politique d'ensemble. Nous sommes majoritairement des enseignants, et
nous nous retrouvons tous, plus ou moins avancés, sur un chemin
qui nous conduit de l'école à la ville. À l'heure où
chacun se gargarise du mot partenariat, nous savons ce qu'il en coûte
sur le terrain pour tisser au quotidien les liens qui permettront à
tous de travailler ensemble. Nous savons l'importance des préjugés,
celle des cloisonnements, la nécessité de convaincre... Nous
savons aussi la fragilité de notre travail, nous savons qu'il nous
faudra peut-être demain recommencer et "nous mettre à rebâtir"...
Sur ce chemin de l'école à la ville, les Assises peuvent
être pour nous un outil. Encore faut-il le préparer, faire
en sorte qu'il ne soit pas simplement un moment heureux où l'on
se retrouve entre amis partageant une même conviction. Le travail
de "suite" des Assises dont l'organisation matérielle revient à
notre groupe local devrait éviter ce piège. Y réfléchir
ensemble au Congrès et tenter de définir comment les militants
pourraient vraiment s'emparer des Assises, voilà à mes yeux
à quoi devrait servir notre atelier.
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Régis DOQUET
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