la revue de l'AFL
les Actes de Lecture _____________ Depuis quelques mois se dessine dans le domaine
éducatif une offensive inquiétante :
l'église de
la scientologie fait, par exemple, une promotion forcenée de
ses
formations, notamment dans le domaine de l'analphabétisme et
d'autres méthodes prennent comme soubassement scientifique
ce
qu'ils baptisent "neuro-pédagogie" ou
"kinésiologie".
Cette tendance À l'ineffable des outils n'est certes pas
inédite : de l'utilisation des couleurs pour apprendre lire
À la remise en (bon) ordre des structures mentales, on n'a
jamais manqué de raisons de s'inquiéter des
dérapages intellectuels de ceux qui renvoient l'illettrisme
et
l'échec scolaire aux capacités neuro-psychiques,
intellectuelles, voire mentales ou spirituelles des individus
concernés. Aujourd'hui, l'inquiétude
naît de
l'essor sur le terrain de leurs formations et de leurs outils qui
témoigne du désarroi théorique des
personnels,
aggravé par la précarité de leurs
conditions de
travail. Ce dossier se propose de poser le plus honnêtement
possible la double question des contenus pédagogiques de la
formation des adultes de bas niveau et de la place du champ de
l'analphabétisme et de l'illettrisme dans le paysage social
actuel. Afin d'appréhender ces questions de
l'intérieur,
la parole y est donnée À des formateurs et des
acteurs
institutionnels de la formation. Faisons le pari qu'avec ce détour par les
pratiques
mises en oeuvre dans les stages et ce regard global sur les logiques de
la formation, nous prendrons mieux en compte les données
essentielles d'un sujet rendu tellement obscur dans les discours et les
pratiques dominants, histoire d'accéder À une
forme de
vérité que Vladimir
Jankélévitch
évoque dans son essai sur L'ironie : "Etre juste, c'est
faire
À chaque chose sa part, n'avoir pas de "point de vue" ; ou
mieux
encore : c'est adopter tour À tour une infinité
de points
de vue, en sorte qu'ils se corrigent mutuellement."
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