La revue de l'AFL
Les actes de lecture n°60 décembre 1997 ___________________ "Les jeunes lectures durent toujours..." Les enjeux pédagogiques de la littérature jeunesse À tous les curieux et gourmands Ce qu'il y a de bien avec les livres pour enfants, c'est qu'«en lisant on devient liseron», autrement dit que l'appétit vient en mangeant : plus on en lit, plus on en on a envie d'en connaître, d'en découvrir les multiples saveurs, plus on a envie aussi de les faire aimer aux enfants, de leur offrir le meilleur. Et voilA que le goût s'affine : plus on connaît les livres pour enfants, plus on mesure À quel point il importe de les choisir. Il y en a tant et tant, pour tous les âges, de tous les genres, des bons, des délicieux, des surprenants, des insipides... et c'est ainsi qu'on en vient À souhaiter des repères, des conseils, des listes de recommandation. À qui s'adresser ? Les conseillers gastronomiques ne manquent pas, cités par tous les bons guides : de l'institution nationale À la bibliothèque de quartier, en passant par les associations, les groupes professionnels ou les comités de lecture, ils proposent des sélections, des bibliographies, des critiques, des fiches d'activités ; autant de menus, de recettes plus ou moins pourvues d'étoiles, qui mettent l'eau À la bouche, qui stimulent réellement la curiosité et témoignent de l'intérêt croissant que portent des acteurs de plus en plus nombreux À la littérature de jeunesse. Revers de la médaille : si la multiplication des outils d'aide au choix est un signe de la vitalité du secteur, elle risque d'apparaître déconcertante ; on ne sait plus À quel saint se vouer, jusqu'À quel point se fier À tel ou tel conseil... Mais le risque d'indigestion n'est pas si grand : quelques grains de bon sens, un petit coup d'expérience, ce qu'il faut de rigueur, assaisonnée de confiance, et les avantages apparaîtront sûrement supérieurs aux risques de se tromper ou de se faire tromper. C'est de toute façon À l'usage ( lA aussi, c'est en lisant qu'on devient liseron ! ) que l'utilité se fait sentir. À une seule condition : ne pas attendre de tous ces outils plus qu'ils ne peuvent donner. D'abord en s'assurant qu'ils conviennent À l'usage qu'on veut en faire. Selon la nature de chaque projet autour des livres (monter un fonds, créer ou renouveler une bibliothèque, rencontrer un auteur, illustrer un thème, organiser un prix, un atelier conte, un jeu, etc.), il est clair qu'on aura des besoins et des exigences variables, qu'une grosse sélection de plusieurs centaines de titres sera indispensable ou bien totalement disproportionnée, une approche thématique efficace ou superflue, etc. Et puis en se donnant quelques moyens d'évaluer la portée des conseils : si l'idéal consiste À établir des comparaisons, À analyser les critères et les méthodes des uns et des autres ( ce qui serait d'ailleurs l'objet d'une bonne formation), une démarche ancrée sur la dynamique d'une lecture vivante reste pragmatiquement la plus riche. D'où l'intérêt de multiplier les essais, de confronter sa propre lecture À celle des autres - les collègues, les enfants, les parents, les bibliothécaires - bref de construire ses propres outils et repères. Méfiez-vous ! Vous n'avez pas fini de lire ! À |
Françoise Ballanger
|