La revue de l'AFL
Les Actes de Lecture n°61 mars 1998 ___________________ novembre 1997 3èmes Assises nationales de la Lecture La lecture comme aventure culturelle ÉCRIT, MÉMOIRE ET IDENTITÉ Comment une classe-lecture conduit-elle à se poser des questions sur les enjeux de la lecture et sur ce qu'une ville peut mettre en oeuvre pour favoriser la mise en place d'une politique globale de lecture. De quels outils une ville doit-elle se doter, quel dispositif doit-elle mettre en place pour favoriser la mise en réseau des équipements, des acteurs et des écrits ? Point de départ d'une aventure pour Margny lès Compiègne, petite ville de 7 000 habitants qui s'est retrouvée aux Assises Nationales de la lecture aux côtés des grandes : Grenoble, Montpellier, Rouen, Bobigny, pour témoigner, présenter des actions et surtout s'interroger sur leur devenir. Chronologie des faits et événements - 1992 : classe-lecture à Bessèges. Ouverture de nouveaux horizons. - 1995-96 : élection d'une nouvelle équipe municipale, projet de création d'une bibliothèque municipale, classe-lecture sur site, cycle 3, pour une école de Margny, (participation de tous les enseignants de l'école, de 2 élus, de la future bibliothécaire, d'un parent...) en partenariat avec le Centre Culturel. - 1997 : Suivi de la classe lecture. Échanges (ville en recherche d'identité et qui veut valoriser son patrimoine. Octobre : 150ème anniversaire de la gare (travail en partenariat entre l'Association Patrimoine, culture ferroviaire, l'école et l'AFL. Production d'un journal accompagnant l'opération Novembre : les Assises. - 1998 : nouvelle classe lecture, cycle 2, dans une autre école de Margny. Perspectives : la bibliothèque municipale, l'animation de lieux lecture, un écrivain en résidence qui collecterait souvenirs, témoignages, savoirs (mémoire, identité). Le projet dans une spirale Le projet rebondit toujours sur les mêmes instances et prend de l'ampleur au fur et à mesure d'où l'idée de spirale. On se retrouve constamment dans une boucle : des rencontres ð un projet ð recherche de moyens et de partenaires ð événement : temps fort ð de nouvelles rencontres, de nouveaux projets... L'ASSISTANCE EN MIROIR ET SES APPORTS Difficile en étant animateur de l'atelier de relater la manière dont il s'est passé et surtout d'analyser ce qu'il aura apporté aux uns et aux autres. Il nous semble que, d'une manière générale, les participants : des bibliothécaires (surtout), des enseignants (beaucoup), des animateurs de projets lecture (étudiant, médiateur...), des syndicalistes élus... y retrouvent : - leurs propres projets - leur engagement, leur désir, leur enthousiasme - la fragilité du montage, trop dépendant des personnes - la difficulté à construire des partenariats : ici c'est la municipalité qui fait défaut : « sans une ville et une volonté municipale peut-on agir ? », là c'est l'école, ailleurs l'engagement des bibliothèques etc.. et l'entreprise « comment peut-elle s'insérer dans un projet plus global ? » « Comment se faire rencontrer les compétences, comment se former, comment informer des partenaires éventuels ? » Le groupe local de l'AFL est apparu aux participants, comme l'instance permettant de créer ce lien « entre les actions éparses. ») À propos de la recherche d'identité pour une ville, le réflexe identitaire ne risque-t-il pas d'entraîner le repli sur soi ? La recherche identitaire peut dériver dans le développement de «l'esprit de clocher», jusqu'à la xénophobie ... poussée à son extrême (argument qui prend toute sa dimension quand on sait qu'il émane d'un résident corse ! ) L'analyse. 1) les sentiments : - l'enthousiasme, le plaisir d'être au coeur d'une création - la spirale est tourbillonnante, aspirante, amenant de nouvelles personnes à s'intéresser aux projets et à y adhérer (participation importante à la gare, mobilisation pour l'écriture des journaux, aux Assises). L'alchimie de la spirale fait que l'on amène l'autre à se dépasser, à dépasser son degré de satisfaction personnelle. 2) la problématique (qui s'est imposée au fur et à mesure) La fragilité de l'édifice. Les réalisations reposent sur la volonté de quelques personnes (moyens financiers et humains, bénévolat). Elles sont dépendantes de projets plus ou moins personnels, plus ou moins conscients. Les participants à l'atelier, engagés eux aussi dans la construction de projets ont fait émerger les mêmes questions : « comment solidifier ? quels appuis trouver ? qu'est-ce qui pourrait garantir la réussite ? ». Ceux et celles qui étaient engagés dans des projets plus anciens, donc avec des réalisations à leur actif ont pu apporter des éléments positifs, mais restent à la recherche d'actions dynamisantes, vers de nouveaux projets, qui génèrent les mêmes questions. 3) entre le «je» et le «nous» Travailler ensemble peut être négatif quand il y a une simple juxtaposition d'intérêts ; on travaille alors en puzzle et les problèmes de territoire, d'ingérence, de pouvoir(s) surgissent. Travailler ensemble nécessite de gérer les intérêts du « je » et du « nous » : rassembler les « je » qui ont des choses à dire, à écrire, pour constituer un « nous » qui identifie chacun. Travailler ensemble efficacement nécessiterait : - une politique clairement établie - une méthodologie (objectifs, échéancier, évaluation...) - une définition claire des rôles, statuts et fonctions de chacun : qu'est-ce qu'un soutien, une aide, un partenaire, un pilote, un mécène... Qui s'y engage ? 4) et les destinataires ? Réussir un projet nécessite de prendre en compte les destinataires et leurs propres projets. La question à se poser dans les villes ou dans les entreprises : par qui et pour qui ? Ancrer le projet auprès des destinataires est aussi important que les problèmes de financement qui demeurent néanmoins, le plus souvent ! EN CONCLUSION. Qu'ils soient inscrits confortablement dans une politique de lecture d'une ville ou qu'ils soient en butte à de nombreux obstacles voire même dans des politiques municipales hostiles, les projets auront toujours besoin : - de partenaires (financiers, militants, forces vives...) - d'événements qui amèneront et des rencontres qui permettront... des nouveaux projets ! |
Solange Dumay
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