La revue de l'AFL

Les actes de lecture   n°62  juin 1998

___________________



Les écoles expérimentales ont 20 ans.
Un pari hier, un enjeu aujourd'hui.
Leurs contributions A la promotion collective.

Introduction



Dans les années 70, de nombreuses écoles expérimentales ont, avec l'INRP, exploré des organisations pédagogiques nouvelles afin de lutter contre l'échec scolaire, contre les formes de sélection et de ségrégation scolaires. Dans cette recherche pédagogique se sont précisés des concepts dont le sort a marqué ce dernier quart de siècle : la BCD, la constitution des cycles, la continuité des apprentissages, l'hétérogénéité, l'équipe éducative, l'ouverture de l'école, les projets de production dans l'environnement, la conception du savoir comme processus et non comme résultat, une resocialisation des processus d'apprentissage plutôt qu'une scolarisation des lieux d'enseignement, un système éducatif ouvert sur les urgences du monde et donc soucieux de définir la réussite dans la capacité de l'individu A s'impliquer dans la promotion collective, etc.


… A la rencontre du général et du particulier, de l'éducation nouvelle et de la lecturisation, du social et du scolaire, du politique et du pédagogique.


Dans les années 80, bon nombre d'acteurs de ces dispositifs d'innovation et de recherche, enseignants, parents, bibliothécaires, formateurs d'adultes, animateurs de l'éducation populaire, etc. se sont regroupés pour confronter ces concepts généraux A un domaine particulièrement sensible, celui des rapports A l'écrit dans le corps social et donc aussi dans l'école. Cette plongée dans la lecturisation A laquelle s'est consacrée l'AFL a permis une confrontation avec de nouveaux acteurs dans des dispositifs nouveaux, donc une compréhension renouvelée des questions initiales qu'on pourrait résumer ainsi : dans quelle mesure et A quelles conditions l'école peut-elle aider l'individu A acquérir des savoirs qui ne sont pas déjA A l'œuvre dans son environnement ? En d'autres termes, comment sortir de cette difficulté qui fait que l'école est un lieu nécessaire de décontextualisation des savoirs mais seulement pour des savoirs préalablement contextualisés, si bien que l'élévation du niveau ne peut résulter que d'actions conduites simultanément dans le corps social pour faire avancer les pratiques communes et dans l'école pour travailler de manière spécifique A partir des savoirs que ces pratiques convoquent.

Si bien qu'A la fin des années 90, l'AFL peut se retourner vers les réponses aux problèmes généraux dont elle est partie afin de les enrichir des savoirs spécifiques qu'elle a développés au cours de quinze années davantage centrées sur l'écrit. C'est l'objet d'étude de son congrès : en quoi ce que nous avons transformé par la lecturisation nous permet de comprendre autrement le rôle de l'école ? Ce congrès est donc A la rencontre du général et du particulier, de l'éducation nouvelle et de la lecturisation, du social et du scolaire, du politique et du pédagogique.

C'est sur cet enjeu que se tiendra le Congrès de l'AFL. Tables rondes, ateliers de groupe, conférences, expositions mettront en lumière les combats pédagogiques, les expériences de terrain, les problématiques, le rôle de l'école dans la société, la place des mouvements pédagogiques.
Jean Foucambert