Présentation de livres
L'instant de mise en écoute du langage
«A
Bessèges, au Centre de Classes-Lecture, la BCD joue un grand rôle.
Tous les jours des livres sont présentés aux enfants. Comment
faire pour éviter qu’une présentation chasse l’autre ou qu’au
total, il ne reste dans l’esprit des enfants qu’un catalogue disparate
et anecdotique ?» Ainsi était présenté dans
le n°25 de mars 1989 des A.L. un texte de Rolande Millot et Yvanne
Chenouf Présenter des livres aux enfants dans
lequel était-il ajouté, les deux auteurs «disent leurs
intentions et tirent les fruits de leur expérience». Depuis,
dans chaque numéro de notre revue, des articles sont consacrés
A cette pratique visant A faire des enfants des lecteurs,
et de la BCD un véritable «observatoire des écrits».
Yvanne Chenouf tire ici
leçon de l’expérience acquise et de la réflexion maintenant
affirmée sur les livres et la lecture afin que la promotion de la
littérature de jeunesse montre que «l’activité de lecture
outrepasse les frontières apparemment closes des oeuvres»,
que les présentations de livres fassent «vibrer les échos
intertextuels et intratextuels qui les trament et qui les chaînent»,
que le texte littéraire mette «en mouvement une écoute
maximum du langage».
«Mais il faudrait (…) dire que justement
faire la littérature A l’école n’est rien d’autre
que faire le langage ordinaire et donc donner la possibilité A
tout ce qui existe en terme de discours d’être pensé comme
exceptionnel, comme singulier différentiel. Que le poème,
l’œuvre littéraire, deviennent didactiquement le levier de cette
pensée, c’est justement parce qu’ils ne font pas exception A
ce statut d’exception de tous les discours, qu’ils permettent de mesurer
A satiété la succession des exceptions que constituent
tous les discours, et donc qu’ils suggèrent aux élèves
d’en profiter pour le moins ; en quoi cette (in)différence est des
plus réjouissantes, en quoi les œuvres qui agissent le plus montrent
qu’il s’agit de privilégier le sujet et l’historique, «une
pratique du langage et de la vie» disait Valéry A propos
de Stendhal.»
«…écouter un tant soit peu le langage,
l’ordinaire comme le littéraire, le continu de l’un A l’autre
étant un aspect essentiel de cette écoute (…) une écoute
du continu dans l’unicité et la pluralité (…) … quand tel
texte permet A tel lecteur de grandir son sens du langage, son sens
de la vie…»
«… on apercevra vite que l’opérateur
le plus puissant, le plus inventif, le plus moderne au sens où Baudelaire
emploie ce mot, peut être le texte littéraire qui dès
son écriture a mis en mouvement une écoute maximum du langage.»
(1)
«Aucun des domaines de la culture, hormis
la poésie, n’a besoin du langage dans sa totalité. La connaissance
n’a que faire de la complexe originalité de la face sonore du mot
dans son aspect qualitatif et quantitatif, de la multiplicité des
intonations possibles, de la sensation du mouvement des organes d’articulation,
etc. Il en est de même des autres domaines de la création
culturelle des œuvres : aucun ne se passe du langage, mais ils n’en prennent
que fort peu.
C’est dans la poésie seulement que le
langage dévoile toutes ses possibilités, car lA, les
exigences A son égard sont les plus hautes : tous ses aspects
sont intensifiés A l’extrême, poussés A
leurs limites ; c’est comme si la poésie exprimait tous les sucs
du langage, qui ici se dépasse lui-même.» (2)
DES LIVRES ET DES LECTURES
«C’est avec le codex que le lecteur conquiert
la liberté : posé sur une table ou un pupitre, le livre en
cahiers n’exige plus une semblable mobilisation du corps [allusion
au rouleau tenu A deux mains]. Le lecteur peut prendre ses distances,
lire et écrire en même temps, aller A sa guise d’une
page A l’autre, d’un livre A l’autre.» (3)
Libéré des contraintes du support,
libéré d’un public A capter ou d’un orateur A
suivre, il peut, avec l’apparition du codex, exercer son esprit critique,
vagabonder : «Bien loin d’être des écrivains, fondateurs
d’un lieu propre, héritiers des laboureurs d’antan mais sur le sol
du langage, creuseurs de puits et constructeurs de maisons, les lecteurs
sont des voyageurs ; ils circulent sur les terres d’autrui, nomades et
braconniers A travers les champs qu’ils n’ont pas écrits,
ravissant les biens d’Egypte pour en jouir.» (4)
Cette mobilité intellectuelle pour aller de la page A la
marge, d’une page A l’autre, de livre en livre restent des habiletés
A conquérir, A entraîner mais d’abord A
faire ressentir ; ce qui se vit chez certains doit se parler avec tous.
DéjA, des livres engagent la conversation :
w GOFFIN J. Ah !
: C’est apparemment tout simple cette double page qui en déplie
une troisième, transmuant une image en une autre. C’est apparemment
juste astucieux cet élément qui traîne sur chaque page
pour devenir, page suivante, le motif central. C’est apparemment vivifiant
ces références A d’autres œuvres, littéraires,
picturales, photographiques… liant le livre au monde extérieur mais
lui donnant aussi sa cohérence intérieure. C’est apparemment
bien fait ce regroupement, au dos du livre, des œuvres citées A
l’intérieur et qu’on peut retrouver dans les Musées qui,
ici Réunis, constituent l’éditeur de l’ouvrage. Et pourtant,
c’est toute l’habile mise en œuvre de ce qu’offre le codex : déplacement,
arrêt, ralentissement, accélération, prolongement des
émotions par l’activité intellectuelle qui saisit, sauvegarde
et recrée.
Présenter des livres c’est montrer l’activité
de lecture outrepassant les frontières apparemment closes des œuvres.
D’autres livres, en amont, reviennent sur cette
aventure de l’écriture, de son apparition manuscrite A l’imprimerie
jusqu’au texte électronique, poursuite extravagante du rêve
que des hommes, éloignés par le temps et l’espace, ne puissent
plus s’affronter que sur le terrain des idées, des émotions
et des œuvres, fortifiant dans ces conversations le fameux exercice du
Moi de J-C Passeron. Des livres pour ne jamais se couper de l’origine des
livres :
- ANDRE B., L’invention de l’écriture,
Nathan Poche Junior, 1995
- BROOKFIELD K., L’écriture et le livre,
Les Yeux de la découverte, Gallimard, 1993
- CEMEA, Écritures signes et codes secrets,
Bayard Éditions, 1993
- FINEL G., SASSIER D., Un livre des hommes,
de l’auteur au lecteur, Savoir Livre, 1988
- JEAN G., L’écriture mémoire
des hommes, Découvertes Gallimard, 1987
Mais, pour mieux comprendre les raisons sociales
de la pauvre fréquentation de l’écrit, il faudra aller chercher
ailleurs que dans les livres pour enfants qui entonnent tous l’air de la
grande aventure de l’esprit humain et font des lettrés, des élites,
des inconditionnels militants du droit de lire pour tous, de sincères
démocrates. Cette exhortation A la lecture naïve est
dangereuse qui «laisse jouer librement le jeu de la lecture, c’est-A-dire
de la construction spontanée, pour ne pas dire sauvage, que chaque
lecteur fait nécessairement subir aux choses lues.» (5)
La présentation de livres doit puiser dans
les livres pour adultes des forces pour les jeunes lectures. Recours A
des auteurs comme :
- BOURDIEU P., Le sens pratique, Minuit
- FOUCAMBERT J., L’enfant, le maître
et la lecture, Nathan
- GOODY J., La raison graphique, Minuit
Fions-nous aussi A quelques grands lecteurs
qui illuminent les livres dits pour la jeunesse d’un regard panoramique
:
- PERROT J., Du jeu, des enfants, des livres,
Cercle de la librairie. Le livre débute par la référence
A Monica Félix et son histoire d’une petite souris qui, enfermée
dans un album, va, après bien des hésitations et des erreurs,
s’engager dans l’apprentissage de la lecture, seul moyen pour elle, d’échapper
A l’isolement ou A la submersion, seul moyen de se connecter
A l’expérience du monde, de s’y mouvoir A son aise,
A sa guise vers des destinations qui, pour être pleinement
désirées, n’en sont pas pour autant entièrement décidées.
(6)
- MARTIN S., chroniqueur de la revue Le Français
Aujourd’hui où il écrit des articles éclairants
(une autre manière de dire brillants), où il anime une rubrique
Poésie, directeur encore de la collection Parcours Didactiques
A l’école chez Bertrand Lacoste (Les contes A
l’école, la poésie A l’école…)
DES LIVRES ET DES VALEURS
Il y a déjA longtemps, les BCD (l’intrusion
d’un ensemble d’activités intellectuelles dans un monde scolaire
pétri de manuels) sont nées d’un double désir :
- mettre des formes écrites complètes,
diverses, A disposition des enfants (développer le pouvoir
lire) (7)
- promouvoir la littérature jeunesse encore
peu connue (développer le plaisir de lire) (8)
Longtemps, plaisir et pouvoir ont été,
sinon opposés, du moins inscrits dans une continuité qui
faisait de l’un tantôt la conséquence tantôt la cause
de l’autre et réciproquement. (9)
Empruntant le pas A une longue tradition
sociologique, les tenants de la première proposition travaillaient
simultanément et prioritairement l’aspect technique de la lecture
et la corrélation entre productions culturelles et appartenance
socio-culturelle, (10)
Ouvrant les pistes d’une critique littéraire
spécifique A la littérature jeunesse, les tenants
de la seconde proposition accumulaient un travail sur les œuvres et les
auteurs, les outils de médiation nécessaires au rapprochement
d’un public éloigné.
On s’est beaucoup, ces années-lA,
préoccupé de lecture et de livres, de l’inégale
répartition du pouvoir de lire et de l’inégale distribution
des produits culturels, privilégiant l’hypothèse :
- pour les uns, que les circonstances de production
et de diffusion des œuvres excluaient majoritairement les valeurs dominées
des livres tout en imposant, par les valeurs consacrées un arbitraire
culturel qui engendrait «des formes et des degrés du consentement
A la domination» (11)
- pour les autres, que la bonne littérature
était traversée de valeurs universelles et que l’offre, quand
elle ne rencontrait pas spontanément son public, devait accorder
du crédit A chaque forme d’expression (relativisme culturel)
pour la faire évoluer vers la culture légitime (théorie
de la légitimité), position qui, par dérives,
régresse jusqu’A l’ethnocentrisme culturel qui consiste A
faire accepter, même avec douceur, une hiérarchie dans les
objets culturels, une échelle de valeurs entre productions dignes
et indignes, nobles et ignobles. (12)
Le passage est étroit entre populisme «le
plaisir de descendre qui doit toujours A celui de condescendre»
et misérabilisme (discrédit, description de l’autre
selon ses manques). Aussi, la présentation de livres doit-elle
toujours être cet exercice difficile et fortement intériorisé
qui façonne sur chaque œuvre une sorte de double lecture ou de lecture
en double piste : celle qui reconnaît l’autonomie culturelle d’une
production, ce qu’elle doit A l’originalité d’un auteur pleinement
libre de son activité créatrice et celle qui n’oublie pas
«les conditions imposées par la domination A l’exercice
de la cohérence culturelle pour comprendre complètement celle-ci.»
(13)
Si, comme cela est affirmé par l’AFL, la
fonction principale de la BCD est d’être un observatoire des écrits,
il faut garder présent que les coups de cœur, les intérêts
des médiateurs pour tel ou tel livre, tel auteur relèvent
toujours d’une position qui a A voir avec les rapports entre culture
dominée et culture dominante : intériorisation d’une indignité
culturelle ou dénégation d’une culture légitime, mépris
d’une sous culture ou paternalisme ou encore rapport «ordinaire»
A la culture niant tout rapport de domination d’une culture sur
l’autre…
Comme ils sont rares les livres pour enfants qui
témoignent d’un monde où les rapports humains sont A
la fois désir affirmé de tolérance et volonté
secrète d’obtenir et de garder le pouvoir des choses, des idées
et des êtres. Comme elles sont alors salutaires les œuvres qui disent
la force qu’il faut pour vivre dignement :
Qu’elle soit née sous X , agonisante
dans les détritus de la société ne donne pas pour
autant le droit A Ernest, balayeur de son état, d’adopter
celle qu’il nomme Célestine et qui ensoleille sa vie de pluies.
C’est un homme, célibataire, pauvre… L’investir comme père
bouleverserait l’ordre des choses, mettrait en péril la notion de
famille donc de propriété. L’Etat veille, acculant Ernest,
et d’autres, A vivre d’impuissance et d’alcool. Seule la solidarité
au sein d’un même groupe social pourra affronter l’exercice d’un
pouvoir d’autant plus abusif qu’il ne cesse d’afficher (et de pervertir)
des valeurs sociales, démocrates. La naissance de Célestine,
Gabrielle Vincent, Casterman. Et, du même auteur, sous un autre nom
Un jour, un chien, Monique Martin, Duculot.
Des livres pour rêver éveillé,
pour rêver et veiller, selon l’expression de Jean Fabre, créateur
de l’Ecole des Loisirs.
DES LECTEURS ET DES SENS
A la suite de (parallèlement A…)
cette longue tradition sociologique précédemment évoquée,
il est apparu urgent de ne pas prendre comme fatalité des comportements
symptomatiques d’une situation qui, pour être durable, n’était
pas pour autant immuable (14). A l’inégale
distribution des produits culturels correspondaient des modalités
d’appropriation de ces produits, distinctives, différenciatrices
qui devaient être identifiées pour être comprises, pour
être prises en compte.
C’est ainsi que, dans les BCD particulièrement,
le regard s’est déplacé :
1/ de la lecture et des livres vers les
lecteurs (15) , intérêt pour les
usages, les attentes des lecteurs, leurs logiques de consommation, leurs
modes d’appropriation des textes (16). On ne présente
pas des livres A un public homogène mais A des enfants
porteurs d’univers hétérogènes, tous représentatifs
des pratiques de lecture de l’ensemble de la population. La première
question A se poser, avant de faire la promotion de la lecture,
s’intéresse sûrement A ce que son public peut mettre
sous une telle offre, ce qu’il peut en faire, ce que ça peut bien
faire sur lui.
Dans une BCD, parents et enseignants se réunissent
pour faire le point sur les livres A présenter. Quand arrive
Max et les Maxi-Monstres (17), un consensus s’établit,
favorable chez les enseignants, défavorable chez les parents :
«C’est pas une histoire A raconter
aux enfants, disent les mères. Les monstres, ça va leur donner
des cauchemars et puis, ce gosse qui fait des bêtises, ça
donne mauvais exemple. Et puis, quoi ! si on l’a puni sans manger dans
sa chambre c’est pas pour lui apporter son repas tout chaud après.
Faut savoir !» Stupeur chez les enseignants qui se disent : «Comment
peut-on ne pas aimer Max et les Maxi-Monstres ?»
La présentation de livres ne peut escamoter
les rapports aux livres qui sont des rapports sociaux, toujours construits
et qui doivent se parler, investir toute offre de lecture la plus éclairée
soit-elle.
2/ des lecteurs vers la pluralité
des significations des textes :
La lecture est une pratique créatrice,
inventive, productrice : le sens, voulu par l’auteur, ne s’inscrit pas
en toute immédiateté et transparence, sans résistance
ni déviation, dans l’esprit de ses lecteurs.
Histoire A quatre voix (18)
fait l’unanimité : «Septembre 1998. Parmi le traditionnel
flot de livres de fin d’année émerge un album grand format,
A la couverture flamboyant des couleurs automnales : le dernier
Anthony Browne. (…) La «Première voix» est celle d’une
mère castratrice, rigide, de condition aisée (…) La «Deuxième
voix» est celle d’un père aimant, de milieu modeste, chômeur
(…) La «Troisième voix» donne la parole A ce
pauvre Charles ( ! ), fils de la mégère (…) Réglisse
enfin est la «Quatrième voix». Comme l’indique son prénom,
la fillette apporte la fantaisie, la légèreté, l’optimisme.»
(19) Ca marche bien, c’est évident. Sauf que le
livre est criblé de références A Magritte,
entre autre. N’est-ce pas lui qui a peint une pipe en écrivant Ceci
n’est pas une pipe ? Et si les quatre voix n’étaient pas celles
que l’on croit ? En revenant sur le texte, on s’aperçoit que la
mère n’est pas toujours suffisante, que le père est parfois
insuffisant, que le fils sait se faire léger et la fille plus souple.
La dernière image, une fleur cueillie par l’un et recueillie par
l’autre dit qu’on s’est croisé au parc, entre quartier riche et
quartier pauvre même si, selon les interprétations, ça
ne fait pas une vraie rencontre.
Car, les actes de lecture donnent aux textes des
significations plurielles et mobiles qui se situent A la jonction
de manières de lire (silencieuses ou orales, intimes ou publiques,
héritées ou novatrices) et de protocoles de lecture déposés
dans l’objet lu par l’auteur et l’éditeur (chapitre, paragraphe,
titre, saut de ligne, typographie, résumé, reprise…) «Etre
lecteur, c’est savoir interpréter un texte mais aussi se demander
comment on se retrouve encodé par le texte.» (20)
Depuis le n°60, notre revue tente, dans cette
rubrique, de ne pas en rester A l’offre mais aux conditions de cette
offre (21) en cherchant A «abandonner
le point de vue unique, central, dominant, bref quasi divin auquel se situe
volontiers l’observateur et aussi son lecteur (aussi longtemps au moins
qu’il ne se sent pas concerné) au profit de la pluralité
des perspectives correspondant A la pluralité des points
de vue coexistants et parfois directement concurrents.» (22)
Comment présenter des livres sans les sonder
du côté de leurs enjeux ? A commencer par celui de l’écriture.
UNE LANGUE POUR DES LECTEURS : L’ECRIT, L’AUTRE
LANGUE
Parce que les langues ne se reproduisent pas,
qu’elles ne se remplacent pas, qu’au mieux, elles se contaminent, les livres
sont A examiner du côté de leur écriture, du
traitement de la réalité par le médium écrit.
1/ Le langage écrit, langage de l’abstraction
:
«Le langage écrit est précisément
l’algèbre du langage. Et, de même, que l’assimilation de l’algèbre
n’est pas une répétition de l’étude de l’arithmétique
mais représente un plan nouveau et supérieur du développement
de la pensée mathématique abstraite, laquelle réorganise
et élève A un niveau supérieur la pensée
arithmétique qui s’est élaborée antérieurement,
de même, l’algèbre du langage – le langage écrit –
permet A l’enfant d’accéder au plan abstrait le plus élevé
du langage, réorganisant par lA même aussi le système
psychique antérieur du langage oral.» (23)
Dans Le pot magique (24),
l’auteur narre l’histoire d’un bateau qui navigue sur les flots, accoste
sur une île constituée de deux montagnes composées
de trois quartiers traversés par quatre rues encadrées de
cinq maisons construites sur six étages comportant sept pièces
ornées de huit bahuts renfermant neuf caisses où dorment
dix pots. Combien de pots ? Le récit ne le dit pas mais les factorielles
si ! Question de choix de langue.
Dans Les graines magiques (25),
le récit tient en quelques lignes : un enfant paresseux se voit
offrir, par un magicien, deux graines : l’une le nourrit une année,
l’autre fournit deux autres graines au bout de la même année.
Lim plante chaque fois les deux graines et s’enrichit, se marie, devient
père de famille et patron jusqu’A un ouragan qui dévaste
tout. Ici, nul besoin de compter : les graines sont dessinées sur
chaque page et jusqu’au dernier sac sauvé de l’orage et qui permet
aux paysans de se remettre A planter. On les retrouve dans un champ,
comme les deux paysans de Millet dans le tableau de l’angélus qui,
déjA, était dans le livre de Goffin. Ah !
2/ Le langage écrit, langage achevé
:
Rencontrer de l’écrit c’est passer d’un
langage oral qui s’appuie sur le contexte A un langage qui doit
créer le contexte, d’une pratique orale en tant qu’«activité
spontanée, involontaire et non consciente» A une
pratique avec l’écrit «activité abstraite, volontaire
et consciente.» (26) Le langage écrit
est orienté vers une intelligibilité maximale pour autrui,
tout doit y être dit intégralement. Les débuts qui
installent les récits, certaines descriptions de lieux, de sentiments...
rendent compte de la nécessité, pour l’écrit, de situer
actions et personnages, de renseigner le lecteur distant dans l’espace,
le temps ou les intentions, de le mettre en situation, de l’engager. LA
où les albums croisent les romans, des auteurs tentent cet embarquement
vers l’autre langue. (27)
3/ Le langage écrit fonctionne aussi
sur des implicites :
« «Il était une fois un
dictateur très sanguinaire qui avait décidé d’exterminer
tous les Juifs et tous les coiffeurs…» «Pourquoi les coiffeurs…»
Et, naturellement, celui qui pose cette dernière question se fait
traiter de « raciste », alors qu’il fait partie du savoir social
que coordonner dans ce contexte Juifs et coiffeurs pose problème,
non pas seulement parce que ce n’est pas le même type de mots, mais
parce que l’on a A l’horizon les camps de la mort et aussi le savoir
négatif selon lequel, A ma connaissance, il n’y a jamais
eu de persécution des coiffeurs…» (28)
De plus en plus nombreux sont les livres qui, entre les blancs, les silences
et les raccourcis, invitent le lecteur A investir ses savoirs et
ses rêveries dans le corps polyphonique du texte, A y inscrire
sa propre voix (29). C’est, entre autre, le cas de Yakouba,
cet album où plane le secret d’un choix entre un enfant que les
hommes rendent sauvage et un lion qui lui rend son humanité (30).
De plus en plus nombreux sont les albums qui s’inscrivent dans l’intertextualité,
comme ceux de Rascal qui introduit chaque livre par une épigraphe,
qui charge et spécifie ses mots et ses images des sons et des reflets
du monde (31) qui se singularise sans jamais se séparer
et séparer ses lecteurs de l’humanité car «la forme
artistique créatrice donne forme avant tout A l’homme, puis
au monde, mais seulement comme A un monde de l’homme.»
(32)
Présenter des livres c’est faire vibrer
les échos intertextuels et intratextuels qui les trament et qui
les chaînent.
ENTRE-VUS : LE MONDE DU TEXTE ET LE MONDE DU
LECTEUR
La présentation de livres, rencontre officielle
et rencontres officieuses. La rencontre officielle est organisée
par le présentateur qui rend publique sa lecture croisée
de divers livres (par auteur, thème, genre, collection, éditeur…)
(33), selon un projet précis, toujours inscrit
dans un contexte pédagogique. Les rencontres officieuses sont réalisées
par chaque auditeur dont les capteurs sensibles, installés plus
ou moins consciemment, renvoient des signaux en fonction d’informations
qu’ils savent recueillir et réinvestir. C’est ainsi qu’au fil de
l’écoute, des extraits, des commentaires donnent sens A ce
qui n’était que pressentiment, transforment en curiosité
construite ce qui vivait A l’état d’intuition. Une présentation
s’appuie sur du déjA lA chez le lecteur, déjA
lA que tout auteur travaille : «Pas un seul acte culturel
créateur n’a affaire A une matière tout A fait
indifférente A sa valeur, absolument fortuite et désordonnée
(…), mais il a toujours affaire A une chose déjA appréciée,
plus ou moins ordonnée, devant laquelle il doit maintenant occuper
une position axiologique en connaissance de cause.» (34)
Elzbieta parvient A positionner plusieurs
peurs, parce qu’elle donne de la valeur A leurs silences : «Dans
l’art, nous reconnaissons tout, nous nous rappelons de tout…»
(35) Peur collective qu’on vit ensemble, qu’on parle
ou qu’on tait ensemble - la guerre - , peurs intimes et muettes, faute
de mots – comme la peur, peut-être, d’être A l’origine
de la douleur de ses parents - :
- La guerre ne meurt jamais, elle s’endort et
il faut faire attention de ne pas la réveiller.
- Est-ce qu’on faisait trop de bruit en jouant
?
- Non, répondit la maman, les enfants sont
trop petits pour réveiller la guerre. (36)
Ce qui est vrai pour la fiction l’est pour les
documentaires : «La lecture documentaire passe obligatoirement
par la confrontation de deux sources d’information. La première
vient de l’auteur, et il faut que le lecteur puisse l’investir. La seconde
représente l’état de la question chez le lecteur.»
(37) On aura intérêt A présenter
les documentaires par collections (Patte A Patte - Milan
- qui allie un large crédit photographique A une écriture
aux accents littéraires «La chouette, amie de la nuit»,
Les bêtes Noires - Bayard - qui mêle humour et reportage «Chouette,
des hiboux !», Archimède - École des Loisirs
- qui raconte des histoires «écologiquement correctes»,
l’expression est de la Joie par les Livres). On travaillera conjointement
ces regards sur le monde afin de trier, dans les effets de style, ce qui
relève de la connaissance stricte d’un sujet ou de la reconnaissance
de lecteurs si jeunes encore ou encore trop jeunes (38).
«Dans ce sens, c’est comme si la connaissance ne rencontrait rien
de préexistant, comme si elle repartait A zéro, ou,
pour être plus exact, comme si la préexistence de quelque
chose de signifiant en dehors d’elle restait en marge, reculait vers le
domaine des faits historiques, psychologiques, biographiques et autres,
fortuits du point de vue de la connaissance elle-même.»
(39)
Qu’il s’agisse de fiction ou de documentaire, de
presse, de poésie ou encore de théâtre, quelle valeur
donne-t-on A cette pré-science que les enfants ont du contenu
qu’on leur présente ? Comment y fait-on référence
? Comment se présentent les textes choisis : uniques, vrais, immanents,
au centre de débats plus ou moins récents ? Donne-t-on l’impression
que les frontières entre les genres sont fermes et fermées
ou alors que «le domaine culturel (…) n’a aucun territoire, il
est entièrement situé sur des frontières qui passent
partout, traversant chacun de ses aspects ; l’unité systématique
de la culture s’étend aux atomes de la vie culturelle comme le soleil
se reflète dans chaque gouttelette. Tout acte culturel vit, en substance
sur des frontières ; de lA son sérieux et son importance
; attiré hors de ses frontières il perd pied, devient vide,
arrogant, dégénère et meurt.» (40)
A-t-on intérêt, sous prétexte de clarté, A
couper l’acte culturel de ses racines, A le priver de ramifications
?
Une mouche vole de livre en livre et ce qu’elle
vole, elle nous le livre en se posant sur la page de lecteurs occupés
A lire dans des situations diverses : une enfant, dans le couloir
de l’école, lit des contes, un vieil homme, sur un banc, un roman,
un soldat, sur un quai, du théâtre, une enfant, dans son lit,
son journal, un homme d’affaires, dans un avion, un roman d’amour, une
femme de ménage, durant sa pause, des citations… En gras, sur chaque
page de chaque lecteur, un mot s’affiche. Mis bout A bout ces mots
forment une phrase qui situe la présentation de livres comme Le
livre de tous les livres. Bien ficelé l’exercice ! (41)
Oui, la présentation de livres est une
écriture, une tentative de faire vivre plusieurs textes en un seul.
LE GOÛT DE LA LECTURE EST LA SAVEUR DES
TEXTES
«Les textes n’ont pas été
écrits par des philologues. Ils sont d’abord goûtés
tout simplement. L’interprétation réflexive est une activité
tard venue et qui a tout A gagner si elle garde en mémoire
l’expérience plus directe qui la précède.»
(42)
Sapientia : nul pouvoir, un peu de savoir, un
peu de sagesse, et le plus de saveur possible, écrivait Barthes
(43). Quand on débute une présentation
de livres, quand on adresse A son public le résultat de ses
explorations, contenu, forme et matériau confondus, le risque est
grand de partir de lA où on est rendu, du discours sur… Les
auditeurs, novices n’en sont pas lA : ils doivent d’abord goûter.
Goûter l’histoire, les personnages, l’écriture, goûter
la forme «comme forme du contenu, et le contenu comme contenu
de la forme.» (44) C’est indispensable, la
présentation de livres commence par une présentation de ce
qui fait la saveur des textes, récits entrecoupés d’extraits
lus, distribués ou retroprojetés, récits interrompus
pour signaler une mise en page, en texte, en images, offrant aux auditeurs
d’entrer dans le sujet et l’objet de la séance. Après on
parlera de…, ils parleront sur…
«Si nous tentions de définir la
composition de l’objet esthétique du poème de Pouchkine,
Souvenir :
Quand pour le mortel se tait le jour bruyant,
Et sur les places de la cité
S’étendent, mi-transparentes, les ombres
de la nuit…
… nous dirions que ce qui le constitue, c’est
la ville, la nuit, les souvenirs, les remords, etc. Ce sont ces valeurs
qui concernent directement son activité artistique (…) : c’est l’événement
éthique du souvenir et du remords qui, dans cette œuvre, a trouvé
sa mise en forme esthétique et son achèvement (…), mais ce
ne sont pas les mots, les phonèmes, les morphèmes, les propositions
et les séries sémantiques : ceux-ci (…) ne peuvent servir
qu’A un jugement scientifique au second degré de l’esthétique…»
(45)
C’est donc la forme et le fond qu’il faut d’entrée
proposer aux enfants, montrer leur indissociable union. L’écriture
est seule au rendez-vous de la présentation de lecteurs et d’auteurs
:
«Qui rentre tard ? Qui transforme le
prince en cochon ? Qui éteint la lumière ? Qui dit : ça
suffit pour aujourd’hui ? Qui ? Dans les coulisses d’un théâtre,
des bouts de spectacle s’emmêlent tels des fils : l’histoire (d’amour)
se prend les pieds dans le décor, la phrase célèbre
(cochon pendu…) côtoie d’illustres animaux (chat botté), le
clou du spectacle (ballerine) fait des pointes et la nuit de la rue obscurcit
le noir de la salle. Qui est derrière ça ? Mr. Krâlik
bien sûr, montreur de marionnettes, auteur, accessoiriste... La guirlande
de questions fait écho aux éléments simultanés
qu’un écrivain doit tenir ensemble dans la linéarité
du langage écrit. (46)
La femme écrivain se sent seule dans
sa maison. La forêt, tout près. Il s’y passe sûrement
quelque chose. Elle n’a qu’A imaginer. Elle se met A sa table
et commence son livre. Mais les ingrédients de l’écriture
se troublent : projet, incertitudes, logique d’écriture, réactions
de l’auteur que ses personnages interpellent. Le monde rêvé
se reconstruit aux confins du monde réel. Les enfants passent de
l’écriture en train de se faire A ses pannes, du texte prévisible
au texte lisible, de la fonte des souvenirs au nouveau récit ; la
vie se commue dans la communion de l’auteur, ses héros, ses lecteurs…
désordre qui trahit les infinies constructions de soi et du monde.
(47)
Une renarde ne trouve plus son petit. Elle
le cherche, se fiant A des indices : poils, empreintes, crottes.
Elle imagine les buts, les rencontres du fugitif. Le lecteur s’associe
A la quête jusqu’A ce que mère et petit soient
réunis dans une image qui se mire dans son reflet. Le lecteur, invité
A faire le parcours inverse, prend l’histoire A contre-sens,
la suit avec l’autre protagoniste, le vagabond : non la recherche mais
l’escapade. On voit comment les indices ont été posés,
créant, dans l’autre sens, l’implicite. D’un côté le
livre s’appelle Sur la piste de petit renard, de l’autre L’aventure. Une
façon de parler d’émission et de réception, d’écriture
et de lecture." (48)
La présentation doit faire sentir qu’en
valorisant son travail, l’auteur valorise l’activité de son lecteur
qui doit, A son tour, «pénétrer en créateur
dans ce [qu’il] voit, entend, exprime (…) Tous les aspects de l’œuvre
dans lesquels il nous est possible de nous sentir présents, de sentir
notre activité relatée de façon valorisante (…) doivent
être rapportés A la forme.» (49)
LECTEURS ET AUTEURS : DES SUJETS SENTANT
ET VOULANT
Pratique du langage et de la vie, la présentation
mise sur des lecteurs en représentations. Une conversation s’engage
et c’est au présentateur, lecteur expert, de mettre en relation
son groupement de livres et les raisons de cette mise en réseau
(50). C’est au présentateur de scruter les horizons
d’attente qui se lèvent sur ce choix : quelles curiosités
s’élaborent et sur quelles bases ? Cela se vit, cela se parle. Pas
trop longtemps, juste pour accorder les perceptions. Puis vient la musique.
Polyphonie : les parties se jouent allegretto ma non troppo. Abattre,
en même temps que ses cartes (ses livres), des résumés
concis, évocateurs de ce qui se trame en dedans, se tisse en dehors,
unit l’ensemble. Trouver un terrain d’entente pour que l’échange
ait lieu ; hors de l’écoute polie, abandonner le point de vue unique,
se mettre en double lecture : «Comment éviter ces lecteurs
tout d’une pièce qui entrent dans une histoire comme dans du beurre
? (…) L’histoire qui se boucle est-elle lA pour nous la «boucler»
? Les documentaires imposent. Le mot de l’école ne se discute pas.
Le texte publicitaire assomme. Face aux lectures entières, des textes
s’imposent pour fendiller l’univocité du sens, lézarder l’adhésion
du lecteur.» Subtil, du sens traverse l’œuvre : il faut le sentir,
le vouloir, le voler, le subtiliser.
Père, gosses, chien partent A la
chasse A l’ours. Avec délices ils traversent les obstacles
: torrent, tempête, boue, bois. L’ours, ils le voient, ils le fuient,
rebroussant chemin, remontant exactement le fil de l’histoire. Sous la
couette, ils jouissent de la sécurité promettant de ne plus
jamais la mettre en jeu. L’ours repart : regret de la proie ou retour A
la solitude ? Il y a débat sur la suite de l’histoire qui, avec
rengaines, reprises, onomatopées, alternance de phrases affirmatives,
négatives présente une famille si frivole. Choc du bonheur
familial contre solitude de ceux qui n’y ont pas droit ? Victoire du confort
sur le sauvage ? Et si on vendait la peau de l’ours avant de l’avoir tué
? La chasse A l’ours, M. Rosen, Kaléidoscope
Une grand-mère transmet A sa petite
fille la magie de sa relation avec les baleines révélant
un rapport merveilleux au monde minéral, au monde végétal,
au monde animal qui heurte la raison de l’oncle, hostile aux fables illogiques.
Mais les histoires ont tant de puissance et les baleines tant d’attirance
! Deux versions de l’univers s’opposent et continuent de se croiser après
la lecture peut-être vers une possible conclusion : les discours
n’ont de sens que dans le pouvoir qu’on leur donne. La nuit, dans la tempête,
quand les étoiles ont des vagues A l’âme, le chant
ténébreux des baleines pousse A se rassurer en rêvant,
ou A se raisonner en expliquant. Grandir n’est-ce pas prendre sa
part dans ces jeux d’influences ? Le chant des baleines, Dyan Sheldon,
Pastel. (51)
Chaque texte est construit sur des lignes de fuite
vers d’autres textes, d’autres objets culturels, d’autres expériences.
Chaque texte cherche pourtant A se clore sur lui-même, A
resserrer son dispositif. Mais l’écriture passe outre les limites
de son projet, l’écriture outrepasse les frontières, fait
devenir autre tout ce qu’elle touche, tous ceux qu’elle touche, irrésistiblement
attirée par les moindres bris de voix qu’elle écoute, qu’elle
visualise : «Une belle image, une représentation hardie,
neuve et juste : j’en suis plus fier que si j’avais mis sur pied un système,
fait une invention mécanique de première importance, battu
un record, découvert un continent : c’est comme si j’avais découvert
un nouveau métal, mieux encore : je l’ai découvert A
l’intérieur de l’homme, et c’est signé : c’est moi, c’est
la preuve de ma supériorité sur tout au monde : j’ai donné
A jouir A l’esprit humain (…) donné A jouir
A ce sens qui se place dans l’arrière-gorge : A égale
distance de la bouche (de la langue) et des oreilles. Et qui est le sens
de la formulation, du Verbe. Ce qui sort de lA a plus d’autorité
que tout au monde : de lA sortent la Loi et les Prophètes.
Ce sens qui jouit plus encore quand on lit que quand on écoute (mais
aussi quand on écoute), quand on récite (ou déclame),
quand on-pense-et-qu’on-l’écrit. Le regard-de-telle-sorte-qu’on-le-parle.»
(52) Même sans texte, les livres d’images ne restent
pas sans voix.
Un enfant souffle dans une bulle de chewing-gum
qui s’envole en ballon rouge : il ne tient qu’A un fil de se faire
tige d’une fleur de pommier blanc pour qu’un ver dans le fruit soit, comme
dans un cocon, promesse de papillons lesquels ne font pas le printemps
mais pondent sur les fleurs blanches des petits œufs de chenilles qui s’envoleront
comme des ballons. Vue du dessus, l’histoire repart A l’infini lorsque,
sous un parapluie rouge, les pieds de l’enfant A la bulle avancent
et que ses pas semblent chanter sous la pluie. Fil rouge du cycle vital.
(53)
Tous les discours sont bien exceptionnels
«entre eux ont lieu des échanges ininterrompus, pareils
A ceux de l’organisme vivant avec son milieu ambiant : tant que
cet organisme reste en vie, il ne se confond pas avec son milieu, mais
il mourra si on l’en arrache. L’œuvre et le monde dont elle donne l’image
pénètrent dans le monde et l’enrichissent.» (54)
Grandir son sens du langage, c’est bien grandir son sens de la vie.
(1) MARTIN S., «La littérature
A l’école : des «propositions» en plein dans
le mythe», Le Français aujourd’hui n°124, La langue
et ses représentations, Décembre 1998, pp.99-109.
(2) BAKHTINE M., Esthétique
et théorie du roman, Gallimard, Tel, p.60
(3) CHARTIER R., Culture et
société, Albin Michel, Paris, 1996, p.35
(4) Idem, p.113
(5) BOURDIEU P., «Comprendre»
dans La misère du monde, Points Seuil, 1993, p.1420
(6) FELIX M., La petite souris
qui était enfermée dans un livre, La deuxième histoire...,
Gallimard.
(7) FOUCAMBERT J., La manière
d’être lecteur, Albin Michel
(8) PATTE G., Laissez-les lire
!, Ed. Ouvrières
(9) FOUCAMBERT J., «Et mourir
de plaisir», Les Actes de lecture n°21, mars 1988
(10) Particulièrement évident
dans la série des Petit Ours, Les séries d’Hélène
Oxenbury...
(11) GRIGNON C., PASSERON J-C.,
Le savant et le populaire, Misérabilisme et populisme en sociologie
et en littérature, Gallimard/Le Seuil, Hautes Etudes, p.35
(12) CHENOUF Y., «Marcel
: Comment, vous n’avez pas encore offert de livre A votre bébé
?», Dossier n°1 des actes de lecture : la littérature
enfantine, pp. 7-11
(13) GRIGNON C., PASSERON J-C.,
op. cité, p.73
(14) CHENOUF Y., «La reproduction
élargie», Les Actes de Lecture n°63, sept. 98,
pp.58-68
(15) MAUGER G., POLIAK C., PUDAL
B., Histoires de lecteurs, Nathan, Essais et recherches, 1999.
(16) PRIVAT J-M., «L’institution
des lecteurs», Pratiques n°80
(17) SENDAK M., Max et les
maxi-monstres, Ecole des Loisirs
(18) BROWNE A., Histoire A
quatre voix, Kaléidoscope
(19) ANDRIEUX B., «De l’homme
au singe : l’évolution d’Anthony Browne», La revue des
livres pour enfants n°185, février 1999, pp.29-30
(20) CHARTIER R., «Du livre
au lire», Pratiques de la lecture, Alinéa, pp.79-111
(21) MOELO H., «Les enfants
respirent le même air que nous», Les Actes de Lecture n°60,
déc. 97, p.80
(22) BOURDIEU P., La misère
du monde, Gallimard, Tel, p.14
(23) VYGOTSKI L., Pensée
et langage, La Dispute, 1997, p.339
(24) ANNO M., Le pot magique,
Père Castor, Flammarion
(25) ANNO M., Les graines magiques,
Père Castor, Flammarion
(26) Idem, p.343
(27) Voir albums de François
Place, Les derniers géants, Casterman
(28) FRANCOIS F., Pratiques
de l’oral, Nathan Pédagogie, 1993, p.102
(29) BRUEL C., CLAVELOUX N., Alboum,
Etre, CHENOUF Y., «Alboum», Les Actes de Lecture n°66,
juin 99.
(30) DEDIEU T., Yakouba,
Seuil
(31) RASCAL, Le voyage d’Oregon
s’ouvre sur Sensation, croise Ma bohême, rencontre
Demain dès l’aube... La route du vent s’ouvre sur
une phrase de Jim Morrisson et résonne des accents de Kerouac
(32) BAKHTINE M., Esthétique
et théorie du roman, Tel, Gallimard, p.82
(33) CHENOUF Y., MILLOT R., «Présenter
des livres aux enfants», Les Actes de Lecture n°25, mars
99, p.30
(34) BAKHTINE M., op. cit.,
p. 41
(35) BAKTHINE M., op. cit.,
p. 45
(36) ELZBETIA, Flon-Flon et
Musette, Pastel
(37) ROBERT A., «Lire des
documentaires scientifiques», Le Journal des Instituteurs n°5,
janvier 1998, p.70
(38) AFL, Théo-Prat’
n°6, La leçon de lecture au cycle 3
(39) BAKHTINE M., op. cit.,
p.42
(40) BAKHTINE M., op. cit.,
p.40
(41) SIMEON J-P., SIMON I., La
mouche qui lit, Rue du Monde
(42) JAUSS H-R., Pour une autre
esthétique de la réception, Gallimard
(43) BARTHES R., Leçon,
Points Seuil, Essais, p.46
(44) BAKHTINE M., op. cit.,
p.81
(45) BAKHTINE M., op. cit.,
p.62
(46) FRANEK C., Qui est au
bout du livre ?, Le Rouergue
(47) NADJA, La petite fille
du livre, Ecole des Loisirs
(48) ESPINASSOU L., ROUTIAUX C.,
Petit renard perdu, Milan
(49) BAKHTINE M., op. cit.,
p.71
(50) CDDP du Val de Marne, Les
indiscutables, 99 livres pour bâtir une BCD et 1001 livres, M.E.N.
(51) AFL, La leçon de
lecture au cycle 2, A paraître
(52) PONGE F., Le grand recueil,
Méthodes, Gallimard
(53) MARI I., La petite bulle
rouge, Ecole des Loisirs
(54) BAKHTINE M., op. cit .,
p.394