La revue de l'AFL

Les actes de lecture   n°59  septembre 1997

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Assises nationales de la lecture : suivez le guide du séminaire…

Deux mois nous séparent des 3èmes Assises nationales de la Lecture, de son colloque et de son séminaire. Ce dossier se veut un guide d’entrée en séminaire pour les participants qui se retrouveront À Artigues. Il sera, pour ceux qui ne nous rejoindront pas À Artigues, un moyen de garder le contact avec cette rencontre nationale.

Le colloque proposera aux élus, cadres et agents territoriaux, formateurs, bibliothécaires, enseignants et aux responsables de comités d’entreprises, 4 temps de réflexion et d’échanges sous forme de tables rondes. Le séminaire permettra À chacun d’approfondir deux expériences sur les 6 présentées.

Lors des 2èmes Assises nationales de la Lecture, l’expérience nantaise avait servi de phare : autour de cette expérience et de son état des lieux, chacun avait pu rattacher les témoignages venus d’autres lieux et d’autres secteurs professionnels toutes les autres actions partielles pour imaginer ce que pourrait être une politique de lecture municipale qui ne soit pas l’addition d’une politique éducative et d’une politique culturelle… Réussites, avancées et difficultés quotidiennes, structurelles, humaines et idéologiques étaient au rendez-vous ; gageons que l’expérience, régionale cette fois, de Provence Alpes Côte d’Azur permettra également cette mise en perspective.

Depuis 1995, des terrains ont poursuivi leur travail, d’autres ont amorcé des projets en énonçant explicitement leur volonté d’inscrire ceux-ci dans une politique municipale qui soit globale. Le travail de suivi et d’accompagnement des équipes permettra aujourd’hui À 6 d’entre eux de témoigner de leurs avancées, de leurs difficultés, des réajustements, des stratégies, des problématiques qui se posent À eux.

 

En Haute-Normandie, l’expérience est courte, dense et riche. Les classes lecture sur site se sont développées de l’école maternelle au collège, se sont intégrées dans un plan régional de formation. Elles suscitent maintenant le besoin de faire exister le réseau des équipes éducatives inter-degrés, d’inscrire les classes lecture dans le projet des établissements. Plus encore peut-être, faire de la classe lecture un outil au service d’une politique locale et non pas seulement un élément reconnu d’une politique éducative innovante.

 

À Bobigny, en Seine-Saint-Denis, une école cherche À faire exister des livres qui n’existent pas encore. Ils parleraient des parents de l’école, immigrés de tous les pays. Ils parleraient aux enfants de l’école dont les parents ne sont dans aucun livre. Ils parleraient de leur passé, de leur enfance, de leur pays d’origine, de la question de la venue et de celle du retour. Ils seraient écrits par ceux que la question concerne : les parents, les frères et sœurs du collège, un médiateur culturel de la ville,… Un écrivain nous rejoindrait pour comprendre se qui se joue dans l’aventure de l’écriture.

Pour quitter le conditionnel, les équipes se mettent autour d’une table pour concevoir le projet. Ensemble… Et l’on commence À comprendre ce qui se joue dans l’aventure de la conception partagée.

 

À Échirolles, dans l’Isère, une ville s’est engagée depuis 7 ans dans la réussite scolaire en refusant les logiques de soutien et de remédiation scolaire. Les " vacances lecture " pendant les vacances scolaires et les rendez-vous réguliers dans les centres aérés et les bibliothèques municipales sont-ils une voie pertinente pour transformer, À côté ou en amont de l’école, les conditions de l’apprentissage scolaire ? En quoi réussit-on À ne pas scolariser l’action tout en s’assurant de l’existence de transferts sur le champ scolaire ?

 

À Grenoble, c’est l’histoire d’une rencontre de hasard entre des jeunes en stage d’insertion avec le GRETA et un auteur, Guillaume Le Touze. L’histoire d’une action qui se transforme en projet parce qu’on a su " attraper au vol "l’opportunité d’un travail en vraie grandeur avec un professionnel de l’écriture, être souple et abandonner le programme au profit du projet.

C’est également l’histoire d’une rencontre entre une bibliothécaire et une formatrice qui deviennent partenaires et décident de travailler autrement leurs projets professionnels respectifs : ensemble, pour faire d’autres choses, différemment.

 

Dans l’Hérault, la rencontre entre la Caisse mutuelle complémentaire et d’action sociale et les organisations professionnelles des caves viticoles ont conduit À organiser une manifestation aux objectifs couplés : sensibiliser aux enjeux économiques et culturels régionaux que porte avec elle l’activité viticole héraultaise ; prouver que l’écrit a un pouvoir d’accompagnement et de transformation de ce qui se vit tous les jours - ou À titre exceptionnel comme cette manifestation-. Une manière originale de concevoir une manifestation aux enjeux multiples.

Analyser les raisons et les logiques de la réussite ou de l’échec, c’est chercher À comprendre ce qui est en jeu dans les transformations portées par la notion même de politique globale, celles qu’on énonce ouvertement et celles qui restent sous-jacentes..

 

À Margny-lès-Compiègne, la ville a mis dans le wagon classe-lecture les élèves, les enseignants, les professionnels de la lecture et les élus. En chemin, on a compris que la classe lecture n’est qu’une étape d’un voyage porteur de bien plus de transformations encore. En route pour la ville lecture.

Une classe lecture, lorsqu’elle est bien comprise conduit À considérer et construire autrement sa politique municipale. Une autre politique culturelle se cherche autour de la construction de la médiathèque pour qu’elle ne soit pas un lieu de distribution des productions littéraires et du savoir. Pour qu’elle soit cela en même temps qu’un lieu de production d’écrits en relation avec la vie locale.

Comment les élus et les habitants poursuivront-ils leur voyage et inventeront-ils la ville lecture À la manière de Margny ?

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Passons au registre des perspectives - elles ne manqueront pas de ponctuer le colloque et le séminaire- : À l’AfL se prépare une formation de coordinateurs de politique de lecture. Et l’on se prend À penser et À croire qu’on tient le bon bout : des terrains que l’on connaît et que l’on suit sont engagés dans des politiques de lecture, leur travail s’inscrit dans une logique de projet et d’analyse permanente de leur pratique. Quelles meilleures conditions pour se former que d’être associé À une équipe qui se pense elle-même en formation et À un projet de transformation ?