La revue de l'AFL
Les Actes de Lecture n°61 mars 1998 ___________________ novembre 1997 3èmes Assises nationales de la Lecture l'action en suspension pour mieux la réfléchir Tous les 2 ans, les Assises nationales de la Lecture réunissent des élus, fonctionnels, acteurs associatifs, … qui agissent dans la ville et se retrouvent autour d'une conviction politique et sociale qui fait du développement des écrits et de leurs usages un corollaire au développement démocratique. Des acteurs donc, qui sortent de l'action, se mettent en marge du réel. Provisoirement pour produire un bond théorico-pratique. En novembre 97, c'est autour du thème Écrits et identité : le pouvoir des villes que se sont réunis 150 personnes, en deux jours de colloque et deux jours de séminaire (1). Temps de participation active et intensive, de production et de confrontation d'idées et d'expériences. Nous y avions convié les ministères, les représentants syndicaux de l'éducation nationale et de grandes entreprises, les mouvements pédagogiques, les villes à travers leurs élus et les agents territoriaux,… Vinrent des bibliothécaires et médiateurs du livre, des enseignants et des formateurs d'adultes, des élus, quelques représentants syndicaux (plus nombreux qu'en 95, moins qu'en 99…). Premier enseignement des chiffres : un décalage important de représentation entre ceux que l'action agite chaque jour et ceux qui sont mandatés, nos représentants dans l'entreprise, dans la cité et au-delà. Première illustration d'une difficulté que rencontrent les villes lecture : réunir des diversités de fonctions et des catégories d'appartenance autour d'un même projet. Des questions… Au cœur de la tempête – lorsque les corps intermédiaires de la société font peser sur les laboureurs du quotidien des pesanteurs de protection identitaire, lorsque le racisme dit ordinaire fait craindre des bascules politiques qu'on voit poindre au soleil de PACA , lorsque les médias s'approchent si près du pouvoir qu'ils y brûlent les plumes de leur éthique et laissent le citoyen en pleine perplexité sur l'endroit où il peut construire son information (2), - l'acteur social et politique s'interroge. Et si la lecture devait devenir question avant qu'on voit dans les villes lecture une réponse à explorer ? Jean Foucambert Et que faudrait-il aux villes de PACA engagées dans une aventure régionale depuis 1990 pour lever les difficultés identifiées. Avancées techniques, apparition d'espaces de réflexion pour les professionnels du livre et de la lecture, avancées sur le registre des coopérations. Résistance des structures et des fonctionnements institutionnels. Suzy Garnier L'éclairage des sources étymologiques et historiques … Écrit et identité, le retour au mot, au lexique et à ses sources porte notre regard, à travers l'individu, sur un espace actif entre l'unique et le commun, entre l'expérience toujours particulière et ce qu'il y a de modélisable en elle. Et si les politiques de l'écrit devaient affirmer qu'elles sont elles-mêmes, par la nature même du processus d'écriture, inscrites dans cet espace qui creuse l'exception jusqu'à la règle ? Nicole Robine (3) Bien avant que naissent les désormais banals ateliers d'écriture, comment s'est opéré l'accès à l'écriture ? Quelles ont été les formes sociales de l'invitation à l'écriture ? Quel jeu s'est opéré par l'écriture entre l'affirmation identitaire du Je et du Nous contenus dans trois figures soumises à l'aventure de l'écriture : l'instituteur, le prêtre et le militant communiste ? Bernard Pudal (3) Quand les blocages parlent : Deux outils que des villes utilisent au profit d'un développement des politiques de lecture avaient été choisis pour être passés à la question : les classes lecture et les interventions d'écrivains en ateliers d'écriture ou en résidence. Deux exemples choisis pour ce qu'ils devraient avoir de commun avec des laboratoires : l'hypothèse, la vérification dans l'action, l'analyse de la pratique,… Les classes lecture ont montré leur inclusion dans le monde éducatif et la difficulté à extraire la lecture de son enclavement au monde de l'enseignement et de la culture. Le grand écart entre les intervenants et la salle ressenti par tous montre assez l'effort que chaque professionnel « embarqué » dans l'aventure du partenariat affronte tant il est aux prises avec des usages professionnels et non partagés de la langue, à des modalités d'action renvoyant à des cultures professionnelles et sectorielles. Nathalie Bois À quelles conditions – non encore réunies généralement - les écrivains dans la ville seraient-ils au service de l'introduction des gens dans les usages émancipateurs de l'écrit ? Hervé Moëlo Des apports théoriques repris par les acteurs au cours du colloque ou du séminaire. Si une ville lecture est un laboratoire d'innovation, la recherche-action est sa stratégie. Frôlant l'incertitude des expérimentations et des projets dont on sait qu'ils évolueront par l'action en cours et son analyse, les acteurs trouvent leurs forces dans les méthodes et les appareillages qui permettent de comprendre, réguler, instrumenter et réajuster. Marie-Renée Verspieren (3) Parce qu'entre pensée et réflexion sur la pratique, l'heure n'était qu'à l'articulation et à l'alimentation réciproque Yvanne Chenouf introduit les différents comptes rendus des ateliers du séminaire en y cherchant le rôle que l'écrit joue par rapport à la relation d'une expérience. Yvanne Chenouf Des perspectives et des passerelles Quelques semaines après les Assises se tenait à Arras une université rurale organisée par la fédération nationale des foyers ruraux sur le thème de la lecture publique et des partenariats à construire avec l'école. Une manière de confirmer la pertinence de l'application du concept de « ville-lecture » - ou de « commune lecture » - et de ses problématiques, au milieu rural. Nathalie Bois Bond, saut de puce ou piétinement à plusieurs ? Plutôt approfondissement des transformations profondes qui sont en jeu dans ces politiques de transformation sociale qui font de l'écrit un instrument de production et de compréhension. Les villes lecture et les classes lecture interrogent la justesse et la pertinence de leur charte respective. Michel Violet notes (1) Voir le numéro 59 des Actes de Lecture (septembre 97) consacré à ces Assises. (3) Les nouveaux chiens de garde Serge Halimi. – Liber, raisons d'agir, 1997. (4) Ces contributions sont reproduites in extenso. |
Nathalie Bois
mars 1998 |