Il n'y a pas d'événement qui puisse se comprendre si on l’isole de la réalité sociale observée dans son extension et sa durée. Les rapports des individus à la langue écrite n'échappent pas à cette règle : il serait dérisoire, pour saisir ce qui se joue aujourd'hui à propos de la lecture, de s'en tenir à des considérations techniciennes centrées sur l’école.
En préambule, Jean-Claude PASSERON a tenu à préciser la portée de cette notion de démocratisation : « Il faut être clair sur ce terme et lui faire dire davantage que la simple augmentation quantitative des gens touchés par une pratique. La question de l'augmentation en taille d'un public de pratiquants rencontre rapidement un autre problème qui n'est pas un problème de croissance mais de seuil ou de frontière : on a eu souvent l'impression, dans une première phase, que l'amélioration de certains des instruments ou des techniques de l'offre fait augmenter le nombre des pratiques parce qu'on est encore en train de pêcher dans les mêmes eaux ; or, lorsqu'on envisage plus amplement le problème, et l'histoire le montre pour les institutions culturelles, on rencontre un butoir : simplement du fait que l'amélioration des effets attendus plafonne parce qu'il s'agit alors de convertir d'autres groupes sociaux et que les instruments qui, un peu perfectionnés, ont pu permettre d'accroître les taux à l'intérieur de publics déjà convertis ne sont plus des instruments adéquats.
La transmission de savoirs s'accorde avec la reproduction de l'état des choses, de l'ordre établi et en particulier de la hiérarchie des statuts. L'accès au Savoir s'opère dans la transformation de l'état des choses, dans la mise en cause de l'ordre établi et, de ce fait, dans un déséquilibre formateur.
L'augmentation du nombre de lecteurs passe par une évolution dans le partage du pouvoir, de l'implication et de la
responsabilité collectives et individuelles. Une collectivité ne sécrète que le nombre de lecteurs dont elle a besoin, c'est-à-dire de gens capables d'éprouver, de partager et de pratiquer un certain mode de rapport au monde, un comportement construit sur la distanciation et la théorisation de l'expérience en cours pour la transformer et la comprendre.
C'est à plusieurs qu'on apprend à lire tout seul.
La lecture n'est en crise que de croissance : le développement économique, social et technique rend aujourd'hui possible la généralisation à l'ensemble des citoyens de la maîtrise de l'écrit. L'exigence démocratique et les défis économiques et culturels de cette fin de siècle confrontent les sociétés à une ambition nouvelle qui ouvre, après celle de l'alphabétisation, une ère de "lecturisation". Une telle évolution ne se dépeint pas en termes de lutte contre l'illettrisme d'une minorité mais en termes de besoin de tous d'établir des rapports de qualité avec l'environnement en pouvant agir sur lui.
« Si je ne leur apprends plus à déchiffrer, comment je vais faire ? » nous demandent, avec désarroi, certains enseignants. « Nous avons envie de leur répondre qu’ils ne focalisent pas sur ce problème mais qu’ils aillent le plus loin possible et SIMULTANÉMENT dans chacune des conditions qui permettent d’entrer d’une autre manière dans l’écrit. Le souci du déchiffrement s’amenuisera au fur el à mesure de leur avancée. C’est seulement dans la mesure où ces conditions se mettent en place que les enfants peuvent créer ce système spécifique différent des stratégies grapho-phonologiques et non par une décision de l’enseignant d’amputer son enseignement de ce qui faisait toute sa cohérence. » C’est ainsi que Jean Foucambert introduisait, dans le n°19 des Actes de Lecture, un texte sur les caractéristiques d’une situation nouvelle en pédagogie. Des situations de ce genre existent qui tentent de faire vivre les conditions suivantes...
Ces dernières années, des listes de livres de littérature jeunesse étaient arrivées du ministère ou d’éditeurs publics jusqu’aux écoles (1) comme des aides, des propositions de travail pour des enseignants convertis ou prêts à l’être. Cette rentrée, une nouvelle liste, concernant le cycle 3, paraît dans d’autres conditions...
En lisant, l'adulte expert utilise une voie directe, qu'on peut appeler "ortho-graphique", pour accéder au sens.
Lorsqu'il rencontre des mots inconnus, c'est l'environnement sémantique et le recours éventuel aux aides extérieures qui lui permettent de comprendre et non le rapprochement avec un équivalent oral qu'il déchiffrerait d'abord avant d'établir le sens.
Le concept de BCD a été approfondi depuis quelques années par des écoles animées par l'ADACES, association regroupant des enseignants liés à l'INRP, des chercheurs et des bibliothécaires de la Joie par les Livres ou en relation avec elle*.
Dans l'Ecole Française, les occasions de rencontres avec l'écrit non scolaire étaient rares, sinon inexistantes et le plus souvent, marginalisées. Les premiers efforts qui ont été faits pour porter remède à cette situation ont porté sur les bibliothèques de classe et le développement de coins-lecture.
Vous pouvez lire ou télécharger les numéros des Actes de Lecture depuis le numéro 1.
La voie directe : il nous semble que le concept de voie directe a été dénaturé. Aussi consacrons- nous ce dossier à la définition que l'Association Française pour la Lecture en a toujours donnée : l'apprentissage linguistique d'un langage écrit, l'apprentissage de la langue écrite en tant que système fonctionnant de manière particulière et autonome, accessible à la compréhension du lecteur sans aucune nécessité de décodage.
La recherche écriture : l'AFL mène actuellement une recherche-action sur le thème de l'écriture. Cette page renvoie à l'espace ressources dont les membres de la recherche se sont dotés pour avoir à leur disposition toutes sortes d'informations : articles des Actes de Lecture sur la précédente recherche écriture, citations, textes d'auteurs divers, circuits-courts des divers regroupements. Plus d'une centaine de documents.
Le Lire au collège : cette page regroupe tous les liens vers
les articles des Actes de
Lecture qui peuvent intéresser les acteurs du collège.
Écrit et surdité : cette page renvoie aux articles publiés dans les Actes de Lecture, la revue trimestrielle de l'AFL, sur l'apprentissage de la lecture chez les sourds.
BCD : cette page regroupe tous les articles des Actes de Lecture publiés à ce sujet.
Le premier chapitre du livre d'Yves Parent Les BCD. Pour quelle école ? Pour quelle lecture ? peut y être téléchargé, ainsi que des extraits du livre Lire c'est vraiment simple quand c'est l'affaire de tous qui traitent de ce sujet.s.
Bilinguisme : les recherches et pratiques de l'AFL ont porté sur la langue
française, sur la lecture et son
apprentissage.
Devenir lecteur (et non déchiffrer) suppose un apprentissage
linguistique (et non une alphabétisation) : être
confronté à la complexité de la langue
à travers de réelles situations de communication.
Découvrir les "lois de la langue", les règles de
l'écrit, les apprendre et s'y entraîner, pour les
réinvestir dans de nouvelles situations de communication.
Cet apprentissage linguistique vaut pour les autres langues
premières, qu'elles soient à dominante
alphabétique ou
à dominante idéographique, ainsi que pour les
autres langues que l'on
est amené à apprendre.
- Le voyage d'Oregon (Rascal - Louis Joos) : extrait du n°1
- Alboum (Bruel - Claveloux) : extrait du n°2
- La diablesse (Ndiaye) : extrait du n°3
- Les abécédaires : extrait du n°4
- Paul et son habit neuf (Beskow) : extrait du n°5
- Les 3 clés d'or de Prague (Sis) : extrait du n°6
- Ernest et célestine (Vincent) : extrait du n°7
- Tous ses petits canards (Duda - Friese) : extrait du n°8
Après la recherche INRP/AFL "La lecture au cycle 2" (91-94) et la recherche Lecture et voie
directe (1994-1996), une trentaine de sites se sont engagés dans la recherche INRP/AFL
"Les usages expert de l'écrit", adoptant les principes de la recherche-action.
- syntaxe, vision parafovéale et processus de lecture
- conscience graphique et performance en lecture
- des centres de classes-lecture
- apprentissage de la lecture au cycle 2
- les usages experts de l'écrit
- les collégiens, des formateurs dans la cité
Cinq contributions pour comprendre la lecture : Ce livre est le compte-rendu des journées d’études sur l’apprentissage de la lecture organisées par l’A.F.L.
Ces 3 journées, faisant suite au Colloque sur la lecture organisé par la Direction des Écoles, ont réuni en permanence entre 300 et 350 personnes les 25, 26 et 27 février 1980 au Musée des Arts et Traditions Populaires à Paris.
Vous pouvez télécharger les deux premiers chapitres de ce livre. Le livre est téléchargeable dans sa totalité sur l'espace adhérent.
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